La pensée économique en France depuis 1945
M. Marchal avait entrepris une tâche bien hasardeuse en voulant nous décrire les divers aspects de la pensée économique en France depuis 1954. Du moins avait-il assumé sans illusion, il nous le dit dans son avant-propos, le risque d’être taxé d’erreurs, d’omissions, d’incompréhension, etc. Il ne semble pas, cependant, que les auteurs dont la pensée est étudiée dans cet ouvrage puissent avoir à se plaindre de pareilles choses. Bien sûr, on pourra toujours chicaner sur la classification des économistes en trois catégories (ceux qui suivent la tradition classique, ceux qui s’inspirent de conceptions réalistes et sociologiques, enfin, les économistes d’observation), et sur la répartition même des intéressés entre ces trois groupes.
Mais ces questions « de personnes » pourront rester de minime importance. Comment n’être pas d’accord sur le fond avec M. Marchal lorsqu’il isole comme traits spécifiques de la pensée économique française la tendance à l’éclectisme, le goût de la synthèse et les soucis méthodologiques ? Il n’était pas mauvais non plus de souligner – face à l’indulgence amusée que professe envers les économistes le public ignorant – que les auteurs français savent donner à leurs travaux une orientation de plus en plus pratique. Au fond, ce livre met en évidence le fait que la recherche économique en France ne manque pas d’hommes. Ce sont plutôt les moyens « matériels » qui font défaut… Mais ceci est une autre histoire. ♦