Tableau des États-Unis
Vingt-sept ans après avoir écrit Les États-Unis d’aujourd’hui, André Siegfried nous présente une sorte de mise au point de cet ouvrage dans Tableau des États-Unis.
C’est un tableau fort complet qu’il nous donne, avec l’intention évidente de souligner les changements que ce quart de siècle a pu imposer à un continent et à un grand peuple. Rien de ce qui contribue à tracer la physionomie singulière de ce pays et de ses habitants n’a été négligé. C’est ainsi que l’accent est mis sur les caractéristiques du peuple américain, sa formation, sa composition, sa psychologie, – sur l’économie américaine, – sur le milieu social et l’opinion, – sur la vie politique, – sur les relations avec la civilisation occidentale.
L’idée dominante de l’ouvrage est qu’en ces vingt-sept années les États-Unis ont accentué leur caractère propre, se sont « américanisés » au point que l’on a beaucoup plus l’impression d’avoir assisté à la naissance d’une civilisation qu’à l’évolution d’un pays. Aussi cette civilisation n’est-elle pas compréhensible pour nous Européens sans une particulière adaptation : « Il faut avoir, du continent américain, le sens des mesures qui ne sont pas les nôtres, de son climat, pour nous exotique, de sa couleur, de sa saveur, de ses parfums, de sa masse ; il faut comprendre le mouvement paradoxal d’une vie sociale dont le rythme est rapide avec des gens de réflexes lents ; il faut apprécier une température morale faite d’optimisme, de hardiesse, d’orgueil, de légèreté, d’instabilité, de jeunesse ramenée parfois jusqu’à la puérilité… On ne saurait négliger par contre la richesse des ressources, non seulement matérielles, mais spirituelles, notamment cette source d’énergie qui provient du puritanisme originel. Il ne faut jamais oublier enfin qu’on est au nouveau monde et qu’on y respire encore un air du XVIIIe siècle, dans une société en défense instinctive contre l’Europe réactionnaire, révolutionnaire ou totalitaire ». ♦