Les Parisiens sous la Révolution
Pour éclairer la grande histoire, quoi de mieux que la petite, si chère à Lenôtre ! Tout au long de ces deux cent cinquante pages brillamment enlevées, c’est un tableau de la vie quotidienne du peuple de Paris, qui nous est brossé : vie colorée et turbulente de la rue, vie mondaine des derniers salons, amusements naïfs du bon parisien servant dans la Garde nationale ; grande parade de la Fête de la Fédération où se rencontrent le futur baron Louis (alors Abbé) et l’évêque d’Autun, (« lâchons de nous regarder sans rire » dit Talleyrand), banquets fraternels, où « le plaisir, la vertu et la liberté » sont offerts aux concitoyens « sans distinction de sexe » ; fêtes lugubres des sombres journées révolutionnaires ; joie des théâtres « sans-culottisés », amertume des jours de disette ; spectacle bouffon à la Convention où les harengères viennent faire entendre – et avec quelle efficacité – la voix du peuple ; spectacle féroce sur la ci-devant place Louis XV ; joie du Palais Égalité, joie sur le boulevard, la ville devenue un immense tripot, la course au plaisir, les bals, les filles, le jeu, l’étourdissement général… et le réveil dans les bras de Bonaparte. ♦