Il y a dix ans, le 25 mai 1969, un jeune colonel soudanais de moins de 40 ans, Gaafar an Nimeïri, s’emparait du pouvoir à Khartoum, mettant ainsi fin à un régime qui avait fait la preuve de son impéritie. À l’occasion de cet anniversaire, l’auteur rappelle les événements essentiels de l’histoire de ce pays, notamment marquée par la révolte du « Mahdi » contre la domination des « mauvais Musulmans » d’Égypte au siècle dernier, puis il en vient aux dix années d’action du général Nimeïri qui a œuvré pour l’indépendance et la sécurité de son pays et dont le titre de gloire incontestable restera d’avoir su régler pacifiquement la rébellion des populations animistes et chrétiennes du Sud. Il souligne l’opportunité d’un soutien à ce pays maître du Nil Bleu et du Nil Blanc et qui occupe une position clé entre l’Afrique centrale et la mer Rouge, entre Le Caire et l’Afrique orientale.
Traditions et révolution au Soudan
L’immense État soudanais s’étend sur 2 505 800 kilomètres carrés ; c’est le plus vaste de l’Afrique. Aussi le Soudan a-t-il une multitude de voisins. Son territoire confine à l’Égypte, à la Libye, au Tchad, à l’Empire Centrafricain, au Zaïre, à l’Ouganda, au Kenya, à l’Éthiopie et à sa province érythréenne ; et enfin, au-delà d’une mer étroite, à l’Arabie Séoudite. Pour la diplomatie comme pour la sécurité, ce peut être la source de beaucoup de problèmes, mais peut-être aussi de quelques chances.
Un terroir varié
Au regard de la carte, le bassin du Nil, dont le Soudan recouvre la plus grande partie, confère au pays une sorte d’unité. Cependant il n’y a guère de ressemblance entre le réseau chevelu des rivières du Sud parcourant un paysage tropical et les étroits rubans de verdure que tracent plus au Nord, au milieu des terres fauves, le Nil Blanc, le Nil Bleu et le fleuve formé par leur réunion.
Le terroir soudanais ne laisse pas, en effet, d’être varié. Sa partie centrale prolonge vers l’Ouest la savane sahélienne, mais elle inclut les monts volcaniques du Darfour et les terres à coton de l’Ouaddaï et de la Djezireh, et s’ouvre à l’Orient sur la Mer Rouge. On pense aujourd’hui qu’au prix d’un suffisant effort d’investissement et d’équipement, ces terres potentiellement fertiles pourraient devenir le grenier du monde arabe.
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