Après avoir joué un rôle de premier plan sur la scène internationale dans les années 1950 grâce à la personnalité exceptionnelle du Pandit Nehru, l'Inde s'était repliée sur elle-même, son élan de toute jeune nation indépendante apparemment brisé par le conflit militaire qui l'avait opposée à la Chine en 1962. Dès lors la complexité des problèmes intérieurs qui freinent très normalement son effort de modernisation et de développement avait fait perdre de vue le poids qu'elle conservait en Asie du Sud. Plus attentive que l'Occident, l'URSS ne s'y était pas trompée qui, en 1971, s'engageait à fond aux côtés de Mme Gandhi lors de la crise du Bangladesh. Faut-il répéter la même erreur aujourd'hui, et ne juger l'Inde que sur le bruit et la fureur d'une démocratie dont les structures apparaissent bien faibles après l'ordre que le régime autoritaire de Mme Gandhi avait imposé au pays ?
Les problèmes intérieurs sont, il est vrai, gigantesques – et c'est à leurs aspects politiques et sociaux généralement mal connus que l'auteur a consacré l'essentiel de cette étude. On ne doit pas pour autant se dissimuler une autre réalité : l'Inde n'est pas seulement un géant par la taille et par la population ; elle est la 10e puissance industrielle du monde, la 3e pour la recherche scientifique, la 6e qui ait fait exploser un engin nucléaire ; ses dépenses militaires sont considérables, son équipement très sophistiqué. Elle demeure, n'en doutons pas, extrêmement vigilante devant les conflits qui secouent si dangereusement l'Asie d'aujourd'hui.