Le conscrit de 1913. Roman d’un simple soldat
Auteur de savoureux récits historiques, M. Georges Benoit-Guyod change aujourd’hui sa manière, en nous donnant un roman populaire dans la meilleure tradition de ce genre qui inspira, pendant plus d’un demi-siècle, Émile Zola, Alphonse Daudet, Erckmann-Chatrian, les frères Margueritte, etc. Le conscrit de 1913 est une véritable épopée vécue par un simple soldat d’infanterie pendant la Première Guerre mondiale. On y retrouve l’influence de la Débâcle, des Contes du lundi, du Banni et, plus près de nous, des Tronçons du glaive. Mais ces œuvres se référaient à l’époque où la France affaiblie souffrait cruellement des suites du Traité de Francfort (1871).
Au contraire, ce nouveau livre offre le long récit du relèvement de la Patrie, obligée en quelque sorte par l’Allemagne agressive de prendre une légitime revanche. Arrière-petit-fils de Joseph Bertha, le conscrit de 1813 d’Erckmann-Chatrian, ce troupier en pantalon rouge, semblable en cela à tous ses camarades, n’aime pas la guerre, mais il la fait avec courage, avec la volonté de repousser l’envahisseur et dans l’espoir de délivrer enfin les chères provinces perdues. La victoire obtenue, et vingt ans s’étant écoulés, il écrit ses souvenirs.
Souvenirs d’un poilu de vingt à vingt-cinq ans, mêlés de scènes guerrières en rase campagne ou dans les tranchées, traversées par des aventures sentimentales, dont l’une est la rencontre à Paris du permissionnaire Joseph avec Madame Puliphar, première danseuse du corps de ballet. Pourtant, l’enjouement naturel à l’auteur et l’abondance des traits humoristiques n’amoindrissent pas l’allure grandiose d’un récit dont le chapitre final décrit le retour de l’Alsace-Lorraine à la mère-patrie et l’entrée des Français dans Mayenne, d’où le premier Joseph Bertha était parti, sous Napoléon, pour la campagne d’Allemagne. Après les événements de 1940 et leurs suites si douloureuses pour la France et les provinces momentanément réannexées par Hitler, la lecture du Conscrit de 1913 sera un réconfort moral pour les Français d’aujourd’hui. ♦