Le danger allemand (1866-1945)
Le danger allemand vient de ce qu’il y a eu en Allemagne une politique et une doctrine de la guerre, dont 1866, 1870, 1914, 1939 ont été les manifestations. Il y a eu une pensée belliqueuse chez les dirigeants prussiens, une intelligence du combat chez les généraux allemands, au lieu que les hommes politiques et les généraux français se sont aveuglément jetés dans la lutte en 1870, sans une véritable connaissance des conditions de la guerre en 1914. La ténacité d’un chef a permis à la France d’attendre plusieurs années le secours des Nations alliées, la valeur d’un autre chef lui a permis de l’emporter en 1918. Mais de cette longue et grande lutte ni les gouvernements de France, ni les représentants de la Nation, ni les états-majors n’ont su tirer les leçons nécessaires pour créer une armée prête à toute éventualité dans une période de transformation à outrance.
C’est l’Allemagne qui a prouvé cette fois encore, en 1939, qu’elle savait mieux que nous renouveler la doctrine de guerre en faisant emploi des forces économiques et industrielles développées par la science. Sans l’appui des alliés, sans la folie de Hitler, que serait devenue la France, malgré le courage toujours reconnu de ses soldats ? Tel est le jugement qui se dégage de ce livre d’Eugène Carrias. La sévérité est faite pour avertir les hommes politiques, les ingénieurs et les stratèges qu’ils sont dans l’obligation, devant le danger allemand, de s’éclairer, de se renouveler et de s’unir. ♦