Bir Hacheim
Le Bir Hacheim de Jacques Mordal est à la fois un très beau et très bon livre. L’auteur a su exposer avec une clarté qui en rend la lecture facile, le développement toujours compliqué et souvent confus des événements qui se sont développés pendant plus d’un an dans la région Tobrouk–Bir Hakeim et dont Bir Hakeim fut le pivot à une heure critique : son récit est émaillé de détails vécus et vivants qui soutiennent constamment l’intérêt du lecteur.
Cet ouvrage met, d’autre part, en lumière l’importance capitale à la guerre de la valeur morale du combattant, facteur dont on oublie souvent l’importance devant le développement des techniques ducs au progrès. La résistance inébranlable des soldats de Kœnig, que ne peuvent affaiblir ni la puissance des moyens mis en œuvre par l’adversaire, ni les souffrances dues aux privations, aux fatigues, à un climat redoutable, est due au sentiment élevé du devoir, à la confiance, à l’enthousiasme dont les anime leur magnifique chef, de même que l’ardeur indomptable des soldats de Rommel, renouvelant leurs assauts au milieu des champs de mines, malgré le feu destructeur des 75 qui transperce leurs blindés, est due à l’exemple d’un chef incomparable, qu’ils voient sans cesse au milieu d’eux, sans que les pires difficultés puissent diminuer sa confiance dans le succès. Deux chapitres sont particulièrement remarquables : celui intitulé « l’assaut », et celui intitulé « la retraite ».
La conclusion de ce beau livre est que, dans ces rudes combats, aussi honorables pour les soldats de Rommel que pour ceux de Kœnig, la valeur morale du combattant l’a toujours emporté sur la puissance matérielle. ♦