Le continent africain au milieu du siècle, perspectives et problèmes de la mise en valeur économique
Signalons la parution de cet ouvrage du commandant René Laure. Tous ceux que hante le danger d’une Europe trop compartimentée, repliée sur elle-même mais obligée de vivre dans une demi-dépendance économique, ne pourront manquer, à la lecture de ce livre, de partager la foi de l’auteur dans les perspectives nouvelles qu’offrirait au Vieux Continent une union plus intime avec le Continent Noir. Telle est la ligne directrice de cet ouvrage qui est en même temps un bilan probe et complet des possibilités de mise en valeur économique du Continent. Sachant quelle est la trame du livre, on comprend que l’auteur ait voulu rompre avec les méthodes en usage dans la plupart des études qui traitent de l’Afrique. « Innovant en la matière, nous explique M. J. Mons dans la préface, René Laure s’est dégagé du particularisme des territoires pour aborder, dans leurs plus vastes ensembles, les grandes questions humaines, économiques et techniques qui touchent le Continent tout entier et constituent les données fondamentales du problème africain et de son prolongement en Europe ».
Tous ceux qui détiennent une part de responsabilité dans la préparation de la Défense nationale et qui réalisent pleinement la fragilité de la défense européenne, comme la nécessité de donner au Vieux Continent l’espace géo-militaire qui lui manque, pourront puiser dans cet ouvrage la documentation actuelle et précise qui leur fait trop souvent défaut quand ils veulent élaborer cette stratégie « eurafricaine » dont ils ressentent obscurément le bien-fondé et qui, par nécessité, doit s’appuyer sur une organisation logistique cohérente, étagée sur toute la profondeur des deux continents.
Bien que l’auteur ait voulu, de propos délibéré, réduire le cadre de son étude, il n’a pu négliger entièrement certains aspects politiques de l’évolution africaine. Fortement marqué par les observations personnelles qu’il a pu faire au cours de ses séjours en Extrême-Orient, il est convaincu que les pays d’Europe doivent engager leur politique africaine dans des voies nouvelles sans, pour autant, brûler les étapes. ♦