L’inconnu, essai sur Napoléon Bonaparte
La littérature napoléonienne, déjà gigantesque, vient de s’enrichir d’un petit volume, d’une extrême importance. Après d’immenses récits, mémoires, études de détail, etc. publiés en France et à l’étranger, l’auteur, qui, avant de toucher aux problèmes politiques, avait, comme historien, mérité trois prix Gobert de l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres, a tenté la synthèse de cette vie, unique dans l’histoire humaine. Tout n’a pas été dit sur les aspects si variés de cette fulgurante carrière : la partie économique en reste, notamment, en grande partie, à découvrir.
Mais M. Félix Olivier-Martin a exploité – croyons-le sur parole – toutes les sources aujourd’hui accessibles. Et il a tenté un essai psychologique et politique de son héros, en même temps que de toute l’époque marquée par son génie. Tentative d’autant plus méritoire qu’il fallut essayer, à travers les masques que Napoléon s’astreignit à porter, pénétrer jusqu’à l’homme. Héros sans commune mesure, à bien des égards, avec l’habituelle humanité, personnalité faite de contrastes, à base de dynamisme, dépassant les cadres traditionnels des nationalités, artiste supérieur aux lois communes, seulement à l’aise sur les sommets et qui, lui aussi, vécut « au-delà du Bien et du Mal ».
Livre de premier ordre, d’une exceptionnelle puissance de condensation, et d’une pénétration, à notre avis, hors de pair. ♦