La conquête de la Chine par Mao Tsé-Tung (1945-1949)
Livre extrêmement intéressant et fort opportun. Le général Chassin décrit d’une façon assez détaillée (mais on regrette l’insuffisance des cartes) les opérations victorieuses des « Armées de la Libération » contre les Armées nationalistes de Chang Kaï Chek, de la fin du Second Conflit mondial à la victoire complète et définitive de Mao Tsé-Tung.
Mais c’est beaucoup moins par le récit des faits de guerre très embrouillés – les batailles qui se livreraient éventuellement en Europe seraient très différentes sans aucun doute de celles auxquelles l’auteur nous fait assister – que par l’esprit qui règne dans l’un et l’autre camp, que ce livre est particulièrement instructif, tant pour les Européens que pour les Américains. « D’une part, dit le général Chassin, la réforme agraire et la xénophobie, de l’autre, la bonne tenue de l’armée rouge et la mise en place de fonctionnaires honnêtes, enfin, le soin avec lequel on évite au début de pousser l’étatisme furent les principaux atouts du « Dragon Rouge ». Chez les nationalistes, le manque de foi, la prévarication, le despotisme, les privilèges, le désordre, la jalousie des chefs, souvent indignes et presque toujours incapables ne purent soulever l’enthousiasme du peuple pour une guerre qui ne l’intéressait pas.
D’un côté donc un dynamisme agissant, poussant les armées à des offensives tout à la fois prudentes et audacieuses et à la victoire, selon les principes fort sages que le grand chef communiste a pris soin de définir. De l’autre, la passivité et la trahison, conséquences des défauts signalés, aboutissant à la défaite.
« Car, ajoute l’auteur, c’est que les “potentialités” de l’homme sont énormes. Il est capable d’héroïsme comme de lâcheté. Mais il ne deviendra un héros que si l’on a réussi à lui inculquer une foi, une croyance en une doctrine qui lui fasse donner joyeusement sa vie. »
Que les officiers et les hommes politiques lisent ce livre : il les fera utilement réfléchir. ♦