Feux du ciel
Pierre Clostermann a hier passionné toute la France par le récit de ses exploits de guerre racontés avec sincérité et talent dans son fameux Grand Cirque. Aujourd’hui, il tire de documents qui lui servent de base pour l’étude d’une Histoire de la guerre aérienne, en préparation, une série de faits héroïques accomplis par des pilotes de tous les pays, amis ou ennemis, et sous tous les cieux.
Ces récits commencent par celui de l’attaque des avions de la 34e Escadre en 1940 sur les ponts de Maëstricht ; puis l’auteur narre les exploits héroïques des pilotes américains qui se battirent aux Philippines avec quelques avions insuffisants contre la meute des Zéro japonais, supérieurs par leur nombre et leur maniabilité (ces avions font d’ailleurs penser par leurs qualités aux Yak russes de 1945 et aux MiG de 1950). Il fait revivre, ensuite, la défense de Malte en 1941-1942 par les magnifiques chasseurs de la RAF qui combattirent en général à 1 contre 10 au moins. Puis il nous fait assister à l’assassinat par Staline, des héroïques défenseurs de Varsovie, que de vaillants pilotes polonais partant d’Italie sur leurs Lancaster s’efforcent de ravitailler au prix de quelles pertes ! On suit avec passion l’interception par des P-38 de l’avion de l’amiral Yamamoto, le grand chef de la flotte nippone, et la descente en flammes de son avion, « la première grande défaite du Japon dans la guerre 1941-1945 ». Il nous fait également prendre part, avec quelle angoisse, aux derniers et héroïques moments de Charles Félix Pijeaud (1942) et de Max Guedj (1945). Pour finir, c’est le récit des attaques des avions suicides japonais sur la flotte américaine. Tout cela est grandiose et passionnant et unit dans la gloire les armées de l’Air de tous les pays.
Mais le livre ne comprend pas seulement ces récits. Pierre Clostermann montre, en effet, aussi que c’est par des vies humaines que se paient l’impréparation et l’insouciance qui précèdent trop souvent les guerres. Aussi dédie-t-il son livre : « À ses camarades aviateurs qui sont morts pour effacer les fautes qui n’étaient pas les leurs ». « À ceux qui auront peut-être à payer encore pour des fautes nouvelles, et pourtant toujours les mêmes… des Grands qui ne veulent pas croire aux leçons du passé. ». Quelle leçon en effet, que sa conclusion si juste, des premiers récits : « Pas assez, trop tard. »