Problèmes d’économie internationale. T. II : Une nouvelle experience, l’organisation internationale des échanges
Les Problèmes d’Économie internationale de M. le professeur Weiller s’enrichissent d’un second tome : après Les échanges du capitalisme libéral, voici Une nouvelle expérience : l’organisation internationale des échanges. L’ouvrage comprend quatre parties au cours desquelles l’auteur étudie successivement : les institutions internationales et les principes d’une codification (Bretton-Woods–La Havane), les problèmes concrets et les méthodes de coopération (l’Aide Marshall, l’OECE, les relations Europe–États-Unis), les questions d’Europe et l’Organisation économique, enfin les révisions théoriques qu’impose cette expérience récente.
Il est impossible de prétendre résumer ici une matière aussi riche. Nous préférons, en acceptant le risque de donner une vue partiale de l’ouvrage, en indiquer les points qui nous paraissent essentiels. M. Weiller souligne le caractère formel de l’internationalisme libéral des États-Unis qui, au lieu de recourir au libre-échange unilatéral adopté par l’Angleterre au siècle dernier, ont préféré organiser les échanges mondiaux dans la longue période, en négligeant les déséquilibres immédiats. À propos des problèmes d’Europe, il démontre minutieusement qu’il n’y a aucune antinomie de principe, pour les échanges extérieurs, entre des économies à prédominance libérale et des économies strictement planifiées. Il fait justice des vues simplistes suivant lesquelles des mouvements spontanés de capitaux devraient automatiquement compenser les déséquilibres dans les échanges : une telle opinion n’est qu’une « perversion » de la théorie classique du commerce international. Celle-ci, en effet, considérant les mouvements de capitaux comme des « perturbations », prétendait démontrer que des mouvements de marchandises devaient les compenser. Ce raisonnement, exact dans une période d’expansion financière où jouait la « dynamique des investissements extérieurs », est donc l’inverse de celui que certains prétendent appliquer à la situation présente. Il ne saurait d’ailleurs être retenu dans une période caractérisée non pas par un « décalage » de structure entre pays créanciers et débiteurs, mais par une véritable « rupture » des structures de production et d’échange.
Envisageant le problème du réajustement nécessaire des structures, M. Weiller souligne que rien de positif n’a été fait jusqu’ici à cet égard : les États-Unis préfèrent conserver leurs barrières douanières et financer – par des prêts, puis par des dons – le déséquilibre de l’Europe. Le refus de s’attaquer de front aux problèmes de structure est ainsi une caractéristique de la pensée américaine : c’est de lui que procèdent, sur le plan théorique la trop fameuse théorie de la stagnation séculaire, sur le plan pratique, cette politique conservatrice dans les échanges extérieurs. Les États-Unis sauront-ils devenir, selon le mot d’André Siegfried rappelé par M. Weiller, des « créanciers intelligents » ? ♦