Les guerres en chaîne
Rien de ce que publie Raymond Aron n’est indifférent et ce livre est important. Il témoigne d’une documentation profonde et d’une force de synthèse peu commune.
Avec une lucidité et une logique impitoyables, Raymond Aron traduit, d’une façon saisissante, l’histoire passée et le présent du mouvement bolchevique. Rien ne lui échappe des tendances essentielles du stalinisme. Il faut, d’ailleurs, avouer que, de cette analyse d’une perspicacité extraordinaire, ne se dégage guère de motifs d’espérance.
Peut-être pourrait-on reprocher à l’auteur un manque de contacts directs avec la réalité slave : sa logique est parfaite, ses formules sont impressionnantes. On peut toutefois, comme il le fait du reste, mais peut-être pas assez expressément, souhaiter que sa systématisation ne soit excessive. Tous les éléments de raisonnement qu’il fournit paraissent irréfutables ; mais la logique n’a pas été la seule inspiratrice des grandes crises historiques. On ne saurait, en tout cas, tirer de la lecture, parfois hallucinante, de cette grande œuvre, que des motifs d’action et de virile résolution. ♦