Le dernier ouvrage que vient de publier Gaston Bouthoul apporte la synthèse de ses recherches sur les guerres dont ses précédentes publications nous avaient fait connaître des fragments. Dans ce livre, l’auteur s’est efforcé de « faire le tour de la question » et d’examiner les manifestations de la guerre sous toutes leurs faces. Il y a employé un énorme matériel historique et ethnologique, permettant des comparaisons fécondes et souvent surprenantes. Il fait un exposé complet de toutes les doctrines religieuses, philosophiques et politiques concernant les guerres. Il analyse toutes les formes et les aspects du pacifisme à travers les âges. Il en est de même des conceptions du droit international depuis la plus haute Antiquité jusqu’à nos jours.

Le lecteur de cet ouvrage ne se trouve pas en présence de la défense d’une doctrine systématique déformant les faits et les idées. Bien au contraire, l’auteur a pris soin de ne dissimuler aucune des contradictions ni aucune des difficultés qu’il a rencontrées, car la guerre est, d’entre tous les phénomènes sociaux, le plus étrange. Il nous paraît évident à force d’habitude et de tristes expériences. Il en résulte une accoutumance telle que les hommes paraissent aujourd’hui plus que jamais résignés à considérer les hécatombes périodiques comme une calamité inévitable. Pour sortir de l’ornière (l’auteur remarque que nos modernes traités internationaux, nos conventions d’arbitrage, nos pactes de non-agression, ne contiennent aucun concept nouveau depuis les guerres du Péloponnèse et même les Hittites), il faut reconsidérer entièrement la question. L’étude objective et scientifique du « phénomène-guerre » est la tâche la plus urgente pour les sciences sociales ; c’est aujourd’hui, pour l’humanité tout entière, une question de vie ou de mort.

Ce livre pose les bases d’une science nouvelle, la polémologie, c’est-à-dire l’étude des guerres considérées comme un fait social observable. Son élaboration est chaque jour plus nécessaire et d’une terrible actualité. M. Gaston Bothoul qui est l’auteur d’un Traité de Sociologie aujourd’hui classique, a fini par se convaincre que la guerre est aujourd’hui le problème capital de la Sociologie, car c’est par elle que périssent les civilisations. ♦