Documents on German Foreign Policy 1918-1945. From the Archives of German Foreign Ministry. Vol. III : Germany and the Spanish Civil War 1936-1939
La Collection des documents diplomatiques allemands, provenant des archives du IIIe Reich et publiée par les soins d’une commission anglo-franco-américaine s’est enrichie d’un troisième volume (en traduction anglaise) sorti en octobre dernier des presses du Département d’État. Il contient plus de 800 documents relatifs à l’attitude du Reich à l’égard du général Franco et aux répercussions de la guerre civile espagnole sur le plan international telles, du moins, qu’on les voyait de la Wilhelmstrasse.
On peut tirer – entre bien d’autres – les enseignements suivants : il ne semble pas qu’il y ait eu collusion entre l’Allemagne et les rebelles avant le déclenchement de la guerre civile. Toutefois, l’appel de Franco fut immédiatement entendu à Berlin et l’aide nazie, malgré les dénégations officielles, ne lui fut pas ménagée. L’aide soviétique, non moins camouflée, ne fut pas moins importante pour ses adversaires. Notons que Berlin ne voyait pas d’un mauvais œil l’intransigeance soviétique à Londres qui, dans un certain sens, favorisait ses desseins.
Les documents montrent également le parti que les Allemands surent tirer du désir de paix des démocraties, ainsi que du manque d’accord de leur diplomatie. La visible répugnance des Nations pacifiques à courir certains risques en faveur de la paix ne fera qu’encourager les Nazis à pratiquer une politique de force à laquelle ils n’étaient naturellement que trop enclins. La guerre d’Espagne a contribué à faire naître, entre l’Allemagne et l’Italie, une collaboration qui n’existait pas jusque-là. Berlin s’efface volontiers devant les initiatives italiennes, tant à Londres qu’en Espagne, sachant bien qu’une tension accrue entre le Foreign Office et Mussolini obligera ce dernier à chercher appui auprès d’Hitler, ce qui se produisit.
Enfin, il apparaît que l’aide allemande n’a pas été fondée sur de seules affinités idéologiques, mais surtout sur le désir d’obtenir en Espagne des avantages stratégiques et économiques concrets (concessions dans les mines de fer et de cuivre, par exemple). Calcul, d’ailleurs, sans résultat, le général Franco, une fois en place, se refusant à aliéner certaines richesses nationales, ce que les deux dictateurs considérèrent comme un manque de gratitude de la part de leur protégé.
Telles sont, trop brièvement indiquées, les grandes lignes de ce volume, qui éclaire certains aspects encore obscurs de cette guerre civile espagnole, qui fut comme le lever du rideau de la Seconde Guerre mondiale. L’ouvrage est édité avec le soin habituel, accompagné d’une table analytique des documents, d’un index des noms cités avec notices biographiques et d’appendices divers.