Visage de l’Allemagne actuelle
En 1948, M. Robert d’Harcourt nous présentait Les Allemands d’aujourd’hui. En 1950, il nous invite à considérer le Visage de l’Allemagne actuelle. Les changements s’opèrent vite, presque d’une année à l’autre. Les Allemands maintenant ne se considèrent plus comme les « parias du monde ». Ils constatent que les vainqueurs sont devenus à leur égard des « prétendants ». D’où leur attitude nouvelle avec l’Ouest et avec l’Est. C’est cette situation qu’étudie M. Robert d’Harcourt. Ce qu’il apporte, ce ne sont pas des considérations politiques, mais des observations psychologiques, à petits traits, abondantes, surtout sur la classe moyenne.
Il y a en Allemagne ceux qui menacent, mais il y a aussi ceux qui cherchent une collaboration, et ils sont nombreux. Entre les deux extrêmes il y a une immense Allemagne, passive, expectante, amorphe, « qui recevra de l’extérieur sa forme et sa direction ». C’est pourquoi il faut la connaître, cette masse, savoir comment on peut agir sur elle. C’est pourquoi M. d’Harcourt a composé le présent ouvrage, très vivant, aussi proche de la réalité que possible, alors qu’il est si difficile d’avoir sur l’Allemagne des diagnostics précis. Il faut lire de près les chapitres sur France et Allemagne en face l’une de l’autre, sur l’Allemagne devant les Soviets ; il faut méditer ce qui est dit de la jeunesse allemande. Plus que chez les autres peuples, elle a quelque chose de tendu et de dur, ce désenchantement qui est « la signature de la guerre sur la face de la jeunesse du monde » ; elle regrette, non le nazisme, mais les rêves qui l’inspiraient alors ; elle dédaigne « l’homme politique » qui ne lui a rien donné de solide et de réconfortant ; elle reste encore défiante à l’égard de la démocratie, mais elle cherche ; il y a du bon sens en elle. M. d’Harcourt dit ce que les Allemands nous reprochent et ce qui les attire en nous. Il pose des problèmes. Il nous incite à chercher les solutions. C’est ce qui fait le grand intérêt de son livre.