La marine allemande dans la Seconde Guerre mondiale
Le livre que vient de publier le capitaine de vaisseau Jouan aux Éditions Payot, a été tiré des « Conférences du Führer » publiées par l’Amirauté britannique. Celle-ci a séparé de l’immense collection de documents recueillis par les vainqueurs en Allemagne au lendemain de la défaite, les procès-verbaux des réunions périodiques au cours desquelles Hitler se faisait renseigner par les chefs de la Marine sur la situation navale et prenait des décisions à son sujet. Ils constituent évidemment une source de renseignements extrêmement intéressante.
Mais ces procès-verbaux sont difficilement accessibles dans leur texte original, même à des personnes averties. Le mérite du commandant Jouan a été d’en extraire les faits et les documents les plus saillants pour les regrouper sous une forme plus cohérente, plus facile à lire. On y voit vivre, en quelque sorte, le Haut Commandement naval allemand dans ses rapports orageux avec Hitler qui apparaît sous une lumière nouvelle, souvent révélatrice. Si on l’a traité de « caporal stratège » dans le domaine des opérations terrestres, on ne peut même pas, dit l’auteur, l’appeler un « matelot stratège » tant son esprit paraît fermé aux choses de la guerre navale. Il en ignore même les principes les plus élémentaires et la curieuse idée qu’il se faisait de la marine apparaît dans l’attitude qu’il prit au sujet des grands bâtiments de combat « qui se font protéger par de petits navires comme les destroyers alors que ce serait à eux, les plus forts, de les protéger ! »
L’ouvrage permet encore de se faire une idée précise sur les grands chefs allemands, sur l’amiral Raeder, qui fit figure de Cassandre, sur l’amiral Dœnitz, un zélateur du culte hitlérien. On y voit la naissance de tant d’espoirs qui devaient être frustrés. Les rapports avec l’Italie et la France y sont abondamment évoqués. C’est, enfin, Un recueil de documents authentiques du plus haut intérêt et que ne peuvent ignorer ceux qui auront à écrire l’histoire du grand conflit.