L’écroulement du Grand Empire
Poursuivant imperturbablement son œuvre colossale et brûlant, semble-t-il, même les étapes, l’infatigable Louis Madelin donne aujourd’hui le treizième tome de son histoire du Consulat et de l’Empire. Il y décrit l’écroulement du système napoléonien. La méthode est la même que dans tous les tomes précédents. L’auteur, dans ses notes et références extrêmement copieuses (p. 372 à 403), ne fait état d’aucune source inédite ou d’archives.
Nous sommes ici en présence d’une synthèse, d’ailleurs magistrale, de tout ce qui a été jusqu’ici et dans les derniers temps publié sur le sujet. Cette méthode apparaît dans toute sa clarté quand il s’agit des opérations militaires et l’auteur ne dissimule pas qu’il s’en est tenu strictement aux travaux de spécialistes, notamment à ceux du général Tournés ; mais il sait en tirer merveilleusement parti et son récit de la bataille des Nations est, à cet égard, un véritable modèle de clarté et de vie. Par ailleurs, on admirera avec quelle perspicacité Louis Madelin a su démêler dans cette période très trouble les différentes tendances politiques qui, à l’intérieur, commençaient à s’affirmer et, notamment dans le camp royaliste, devenaient de plus en plus inquiétantes pour l’Empereur. Quant aux problèmes diplomatiques, ils constituent peut-être la partie la plus importante du récit. Nous y voyons comment Napoléon, plus perspicace qu’on ne l’a cru jusqu’ici, s’est vu de plus en plus encercler par ses adversaires sans pouvoir, d’ailleurs, résister aux intrigues d’un Talleyrand et d’un Metternich. Mais ce qui domine une fois de plus le livre, c’est la personnalité fascinante de l’Empereur qui, même dans les jours les plus critiques, entouré d’ennemis et trahi par les siens, fait face au destin avec son génie et une vitalité inconcevable.