Napoléon et ses Marins
Après tant d’études remarquables sur les guerres navales contemporaines, le commandant Thomazi présente, dans ce nouvel ouvrage, un tableau très vivant de la marine du Consulat et de l’Empire. Rien de plus attachant que la lecture de ces quelque trois cents pages dont l’objet n’est pas de retracer un chapitre de l’histoire maritime de la France, les faits n’y étant cités que dans la mesure où ils font connaître la Marine de ce temps et l’emprise que Napoléon n’a cessé d’exercer sur elle.
Aucun historien n’avait encore montré avec autant de force à quel point l’Empereur était conscient du rôle de la puissance maritime et l’importance de son action personnelle dans le grand effort de redressement qui fut entrepris après Trafalgar. Nous voyons, dans sa correspondance, Napoléon presque aussi occupé de compter ses vaisseaux et ses frégates que ses bataillons et ses escadrons : « Aucun des hommes qui ont gouverné la France avant ou après lui n’a étudié de si près la Marine, ne s’y est autant intéressé, n’a tâché de l’employer aussi activement. » Mais ce que l’auteur a surtout voulu ressusciter ce sont ces Marins de l’Empire vers lesquels va sa sympathie indulgente et qu’il campe ainsi devant nous en son avant-propos : « Des personnages hauts en couleur, plutôt rudes de manières, qui sentent le goudron et le tabac. Ils forment un petit monde à part, isolés du reste de la nation par leur vie à bord et dans les ports, étrangers à l’intrigue, très particularistes, un peu dédaigneux des terriens… En général, ils n’ont pas été heureux dans les combats. La valeur pourtant ne leur manquait pas, ni d’ordinaire les capacités techniques… Ils méritent d’être mieux connus… » Le beau livre du commandant Thomazi apporte à l’accomplissement du vœu ainsi exprimé une contribution décisive.