Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale. La grande alliance. T. III : La Russie envahie. Ire partie
Le nouveau volume que vient de publier, dans une excellente traduction, la librairie Plon, des Mémoires sur la deuxième guerre mondiale de Winston Churchill, constitue la première partie du tome III. Il est conçu selon les mêmes principes que les précédents et a trait aux six premiers mois de l’année 1941. Il se termine au moment où la Russie est envahie, le 22 juin de cette même année.
C’est dire, puisque l’ouvrage ne contient pas moins de 508 pages, quelle richesse de documentation et d’observations, politiques et stratégiques, apporte un pareil ouvrage pour qui voudra étudier, dès maintenant, dans ses détails, l’histoire du dernier conflit. C’est le récit de la période, sans doute, la plus tragique de toute la guerre pour la Grande-Bretagne puisque celle-ci fut condamnée, à ce moment, à supporter seule le poids des forces allemandes et italiennes. Les responsabilités qui incombaient au chef du Gouvernement britannique et qui pesaient sur les robustes épaules de Winston Churchill étaient véritablement colossales. Il avait à la fois à organiser la défense du territoire métropolitain, à diriger de Londres la résistance à la poussée germano-italienne sur le front méditerranéen et dans le Proche-Orient. Ses regards devaient tout aussi bien se poser sur la Roumanie, la Bulgarie, que sur la Turquie.
Comme dans les tomes précédents, le rôle du chef de guerre incomparable que fut Winston Churchill apparaît essentiel. Rien n’échappe à son attention et à son jugement souvent impitoyable.
Les annexes qui comptent plus de 100 pages apportent un témoignage magnifique de sa prodigieuse activité. Il a l’œil à tout, aussi bien à l’approvisionnement en pommes de terre qu’à la fabrication des munitions ou qu’à la stratégie de Wawell. Il est en liaison constante avec son grand ami le président des États-Unis avec lequel il correspond secrètement et auquel il ne cache rien de ses angoisses et de ses espérances. Le livre ne contient, d’ailleurs, plus de ces jugements, parfois passionnés qui avaient, dans les précédents, soulevé certaines objections et critiques, parfois justifiées. Il est empreint d’une superbe et farouche résolution et, dans sa conclusion, Winston Churchill, bien que complètement décidé à soutenir l’effort russe, ne dissimule pas dans quel abîme d’illusions était tombé son nouveau partenaire Staline en ce qui concerne l’Allemagne hitlérienne.