Strategic Air Power for dynamic Security
Passé aux États-Unis après avoir servi la France jusqu’aux jours tragiques de juin 1940, chargé en décembre 1941 de la guerre psychologique contre l’Allemagne et l’Italie, au Navy Department, le Dr Possony, qui s’est spécialisé dans l’étude de la guerre totale et de la guerre aérienne, donne à l’Université de Georgetown des cours d’art militaire suivis par de nombreux officiers de l’armée, de la marine et de l’aviation. Collaborateur de l’Infantry Journal, du Field Artillery Journal, des US Naval Institute Proceedings, du Marine Corps Gazette, il a publié, seul ou en collaboration, d’importants ouvrages sur la Guerre de demain et sur les Fondateurs de la Stratégie moderne.
Son nouveau livre s’ouvre sur cette constatation : la maîtrise de l’air joue aujourd’hui le rôle prépondérant qui fut, jusqu’ici, celui de la maîtrise de la mer dont le principe a été mis en évidence par Mahan, et dont la méconnaissance a, par deux fois, causé la défaite de l’Allemagne. Dans cette maîtrise de l’air, dont il analyse les éléments, le rôle de premier plan appartient – selon lui – au bombardier lourd, inséparable, désormais, de l’idée de la bombe atomique à la puissance destructrice, mais aussi aux limitations de laquelle, ainsi qu’aux moyens de s’en prémunir, il consacre l’un de ses principaux chapitres.
Bombardement total ou bombardement « sélectif » ; principes directeurs, bombardement des transports, qui fut si efficace contre l’Allemagne, bombardement d’installations industrielles et ordre de priorité, bombardement des personnes et des moyens d’existence, effets de démoralisation, protection, tels sont les thèmes des chapitres suivants.
Mais voici maintenant – lutte toujours renouvelée du canon et de la cuirasse – le bombardier lourd menacé par le perfectionnement des procédés de défense, menacé aussi d’être supplanté par les fusées et projectiles téléguidés. Évolution des moteurs et rapidité accrue de la chasse. Crise de matériaux et crise d’une production qui ne saurait suffire à tout et qui, si elle se développe au détriment d’autres armes, risque de créer des points faibles auxquels s’attaquera aussitôt l’ennemi.
Quelque préséance qu’il attribue à l’aviation, le Dr Possony n’est pas de ceux qui estiment qu’elle rend superflues et permette d’abolir ni l’armée de terre, indispensable à la protection du sol et à l’occupation du terrain, ni l’armée de mer, indispensable au maintien des communications et à la défense des bases avancées. L’œuvre de Stefan T. Possony est d’ailleurs toute pénétrée d’idéalisme. Il espère que la puissance aérienne des États-Unis jouera le même rôle qu’a rempli, au XIXe siècle, la puissance maritime britannique et qu’elle sera le plus sûr garant de la paix mondiale, grâce à la sécurité « dynamique » qu’elle lui assurera.