La campagne de Norvège
Le livre que Jacques Mordal, pseudonyme qui dissimule, croyons-nous, le nom d’un très distingué médecin de marine, a consacré à la campagne de Norvège, a la même valeur que son œuvre sur la Bataille de Dunkerque. Il n’épuise certainement pas ce grand sujet car il faudrait, pour y arriver, pouvoir pénétrer dans toutes les archives britanniques et alliées, mais il offre une synthèse méthodique et détaillée de tout ce que l’on peut savoir de cet important sujet en notre pays. L’auteur a eu la possibilité de dépouiller tous les rapports officiels, les publications françaises, britanniques, norvégiennes et allemandes, les comptes rendus du procès de Nuremberg, les livres blancs édités par les différents protagonistes, les comptes rendus des Conseils suprêmes interalliés, des Comités secrets de la Chambre des Députés, etc.
C’est le premier récit, aussi complet, qui ait été donné de cette brève campagne, décisive par ses répercussions sur le déroulement ultérieur de la guerre 1939-1940.
Dans sa préface, le général Weygand fait ressortir les mérites historiques de Jacques Mordal, qui a su intégrer son étude à l’histoire politique générale de cette période. Non sans raison, il y voit un épisode de la lutte ou de la manœuvre russe pour l’accès à l’Atlantique et il discerne dans la résistance finlandaise une des causes essentielles de l’intervention alliée en Scandinavie.
Sans verser dans la polémique, l’auteur n’a pourtant pas pu dissimuler les graves lacunes de tout ordre, aussi bien politiques que techniques, qui grevèrent, dès le début, de graves aléas la campagne franco-britannique.
L’ouvrage met en pleine lumière la collaboration nécessaire entre les forces de terre, de l’air et de mer. Il donne, une fois de plus, raison à ceux qui insistent sur le rôle capital de l’aviation dans la guerre moderne et, particulièrement, dans les opérations amphibies. Sans la supériorité de sa Luftwaffe, l’Allemagne n’aurait certainement pas pu devancer les Alliés et rendre leurs efforts inutiles.
Livre courageux qui ne dissimule aucune des faiblesses de la coalition franco-britannique et qui devrait être médité par ceux qui songent à défendre l’Occident, grâce aux efforts combinés des Nations amies.