L’ancienne France des origines à la Révolution
On sait l’importance de l’œuvre historique de Lucien Romier, journaliste et homme politique. Il est resté, au fond, chartiste et historien philosophe. On ne saurait oublier que le pénétrant analyste d’Explication de notre temps fut, en même temps et d’abord, l’historien des origines des guerres de religion et du royaume de Catherine de Médicis. Avec le goût de la synthèse qui caractérisait son esprit, Lucien Romier avait, lorsque survint la guerre, achevé d’écrire le petit volume qui vient d’être publié aujourd’hui et qui est comme sa philosophie de l’histoire de notre pays.
Il commence par plonger aussi loin que possible dans son passé pour y chercher les fondements de sa continuité nationale. En philologue rompu à toutes les difficultés de la toponomastique, il recherche dans les anciens noms des villages et des pays les premiers types locaux, les éléments essentiels de la Vieille Gaule. Il passe à la conquête romaine, à l’apogée franque de Charlemagne, à l’avènement du Royaume de France et à l’apogée du génie français du Moyen-Âge. L’œuvre des rois est analysée sans passion, avec une sérénité digne de la meilleure histoire. Il explique l’autorité et la force dont ont joui les grands souverains français par les services rendus, la défense du peuple contre les privilèges et par ce qu’ils incarnaient : l’idéal de l’unité nationale. Dès la fin du règne de Louis XIV, la monarchie cesse de s’identifier avec cet intérêt généralement populaire. Le roi devient un prince de Cour au milieu des privilégiés. La monarchie sombre par la faute du nonchalant Louis XV et du débonnaire Louis XVI. Le roi n’a plus d’appui sûr, ni dans la cour, ni dans l’armée. Bien que la dynastie des Bourbons ait produit trois souverains qui ont le plus sacrifié d’affections personnelles à la raison d’État, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, elle se laisse conduire à la catastrophe par les légèretés d’une reine. Elle est partie du peuple avec Henri IV, elle fuit devant son peuple à Varennes. Analyse digne d’être méditée par ceux qui veulent commander et gouverner.