Le défaut de l’Armure
Dans cet ouvrage, l’auteur pose la question : « Nos chars pouvaient-ils vaincre en 1940 ? ». Après avoir fait l’historique de la question chars en France et en Allemagne, en copiant presque in extenso un rapport prophétique du général Estienne et des pages entières des règlements en vigueur en France et en Allemagne, l’auteur semble faire œuvre nouvelle en reproduisant en partie des articles du lieutenant-colonel de Cossé-Brissac et du commandant Rogé parus en 1947 dans les Revues d’Histoire Militaire et de Défense nationale. On doit même regretter les libertés que prend l’auteur avec la vérité quand il attribue au colonel Potter, chef du Service historique américain, une interview du général Guderian faite par le commandant Rogé pour le compte du Service historique français en accord avec le colonel Potter.
Par ailleurs, les estimations faites des divisions blindées allemandes en 1940 sont inexactes quand elles sont chiffrées à 400, 500 engins blindés par division. La lecture de ce livre n’apporte pas d’idées nouvelles et surtout ne réussit pas à nous persuader que nos chars auraient pu vaincre en 1940. Le rattachement des chars à l’infanterie peu de temps après la fin de la guerre 1914-1918, en liant ces engins aux semelles des fantassins, ne pouvait engendrer qu’une timide tactique d’emploi qui se conjuguait du reste fort bien avec les théories défensives qui prévalaient avant 1940 en France. Même les quelques divisions cuirassées, tardivement créées en 1939, ne pouvaient être comparées aux divisions blindées allemandes, dont l’organisation en corps d’armée blindés dans le cadre de la Panzer Armee, assurait à la Wehrmacht des possibilités offensives décuplées par l’emploi étroitement combiné de la Luftwaffe, de la Panzer Armee et des divisions d’infanterie.