Oraison funèbre pour la Vieille Armée
Ancien Saint-Cyrien, M. Robert Darcy présente dans une plaquette de 60 pages ce qu’il appelle l’oraison funèbre pour la Vieille Armée mais qui, en réalité, est une critique dans le sens précis du mot de l’organisation, des qualités et des défauts de l’armée française au début de la Seconde Guerre mondiale. L’auteur émet d’abord l’idée que la France « hait » son armée. Il attribue ce sentiment aux causes historiques, au sentiment d’envie et de jalousie de gens pénétrés du désir immodéré d’égalité et qui rejettent sur l’armée la responsabilité de tout ce qui s’est passé. Cette armée a prêté le flanc à la critique. Il est malheureusement exact qu’il y a eu des lâches, comme si une Nation ne comptait que des héros, elle a été mal commandée par des cadres vieillis, mais ces cadres ont été choisis et imposés par la politique et les essais de rajeunissement se sont toujours heurtés aux réactions des partis. L’armement était insuffisant, souvent périmé, en raison des faibles crédits consentis ; l’auteur indique que les SFIO, jusqu’en 1936, et les communistes, jusqu’en 1945, ont toujours voté contre les demandes présentées par le gouvernement ; ces crédits eux-mêmes étaient déjà amenuisés par l’ingérence de la politique : causes déjà signalées par le maréchal Joffre dès 1911.
La structure de l’industrie française, cote mal taillée entre le totalitarisme allemand et le libéralisme anglo-saxon, ne permettait pas de faire face à une puissance industrielle formidable disposant du charbon nécessaire à son développement. M. Darcy en conclut qu’une entente était nécessaire avec les pays anglo-saxons.
Passant à la question psychologique, l’auteur donne les raisons qui, à son avis, ont abouti à un moral peu brillant en 1939-1940. Le pays ballotté entre deux partis, ne vibrait pas à l’unisson ; les officiers étaient attaqués dans les journaux, insultés par certains éléments ; la misère des cadres ne leur assurait pas le prestige indispensable. Cependant, la grosse majorité de ces chefs s’est bien conduite, alors que les moins clairvoyants et la troupe se rendaient compte de la disproportion écrasante entre les adversaires. M. Robert Darcy conclut : « Saint-Cyr est mort qui a fourni à la France sept générations d’officiers conquérants de l’Afrique du Nord et de l’Empire colonial, défenseurs de la France en 1870, 1914 et 1940, deux fois libérateurs de l’Alsace et de la Lorraine, et dont 9 000 tués, à l’ennemi prouvent le dévouement à la France. Coetquidan apparaît, qui permet de nouveaux espoirs. »