De Versailles à Postdam
Cet ouvrage d’André François-Poncet, ambassadeur de France, est le complément de l’intéressant volume de Souvenirs qu’il avait consacré à son ambassade à Berlin. Mais, tandis que le premier livre était, avant tout, un recueil de notations personnelles et pittoresques, celui-ci est une synthèse, d’ailleurs documentée et élégante, comme tout ce qu’écrit l’auteur, de toute la période d’histoire diplomatique et générale de l’Europe qui s’étend du Traité de Versailles à la Conférence de Potsdam.
Ce cours, à l’usage du très grand public, avait déjà été présenté, en une douzaine de leçons, aux élèves de notre école d’administration. Comme il le fait au cours de ses éditoriaux, si remarquables par leur lucidité et leur courage, l’auteur ne s’abstient pas, loin de là, de prendre parti. Il donne aux démocraties occidentales des conseils qu’elles auraient le plus grand intérêt à suivre, tout d’abord en organisant l’Allemagne sur une base rationnelle, en aidant les Allemands à remporter « une victoire sur les Boches », et en favorisant chez eux une évolution fédéraliste et démocratique. Le travail est leur espoir. Il en va de même pour la constitution de ce que l’auteur appelle l’« Europe Atlantique », pour sa défense commune et coordonnée. Notre collaborateur ne s’abandonne pas au pessimisme : il envisage un équilibre de forces tel que la Russie soviétique recule devant les risques d’une conflagration, mais c’est à condition que l’Occident triomphe de la faiblesse de ses gouvernements, du défaitisme de ses opinions publiques, de la violence de ses dissensions intérieures. Le livre était, du reste terminé en octobre 1947, et le monde va vite à notre époque.