Marine Rouge
Léonide Sobolev est un ancien officier de Marine, passionné de son métier ; il a réuni, sous le titre heureux de L’Âme du Marin, un exemple de récits dans lesquels il exalte les magnifiques sentiments de bravoure, de camaraderie, d’endurance et d’amour de la patrie qui, de tout temps, ont caractérisé les combattants de la mer. Son traducteur a cru devoir transposer le titre initial de l’ouvrage en lui donnant celui de Marine Rouge : cette modification, que rien ne justifie, ne porte nullement atteinte au caractère même de l’œuvre de Sobolev, car ses récits sont dominés par sa volonté de mettre en lumière L’Âme du Marin, qui s’identifie pour lui « à ce tricot rayé » que l’on apercevait « sous la capote kaki ou sous le caban, sous la veste de fourrure ou sous la vareuse d’uniforme ». Les nécessités de la guerre obligèrent sans doute les marins russes à combattre sur les fronts de mer, de l’air et de terre, mais partout, sous des uniformes peut-être différents, ils conservèrent intacte et pure « leur âme de marin ».
Les récits de Sobolev, écrits dans une langue claire, aux images heureuses, sont d’une lecture facile ; pleins de vie, tous exaltent, mais sous une forme différente, les hautes vertus du marin, certains sont empreints d’une note sentimentale particulièrement émouvante, tels ceux intitulés « le Rossignol » et le « Nœud d’Alouettes ».
Le livre de Sobolev a eu en Russie un succès considérable et lui a valu d’être honoré du Prix Staline, la plus haute récompense littéraire de l’URSS. On peut lui reprocher peut-être d’avoir un caractère de particularisme souvent exagéré et parfois tendancieux et de constituer de ce fait une « apologie du marin russe » qui ferait de l’ouvrage une œuvre de propagande en faveur du régime des Soviets.