Sun Tse et les anciens Chinois
Les éditions Berger-Levrault ont eu l’heureuse idée de présenter une collection publiée sous la direction de M. Lucien Nachin : Les Classiques de l’Art militaire. Nous devons au R.P. Amiot (1718-1794), de la Compagnie de Jésus, une traduction des manuscrits écrits en langue mandchoue des livres sur l’art militaire des anciens Chinois : Sun Tse, Ou Tse et Se Mata, qui vivaient probablement du IIIe au Ve siècle avant le Christ. Il est frappant, en lisant ces extraits, de voir combien ces antiques avaient poussé à la perfection l’observation des faits.
Sun Tse se défend de donner des règles pour gagner une bataille, mais il signale les fautes à éviter et plus d’un stratège actuel trouverait dans ce livre des enseignements à méditer. Les grands principes de l’art militaire sont énoncés nettement ; la préparation de la Nation : « un manque à dépenser se solde souvent par une défaite » ; la sûreté : « ne pas s’endormir dans une sécurité trompeuse », l’économie des forces, l’emploi de la 5e colonne, l’utilisation des guérillas (déjà !), l’emploi de l’infanterie portée et celui des chars. Il faut consulter le ciel, « ne pas attaquer dans une mauvaise saison (comme en 1915), ne pas attaquer sur un pays coupé (offensive Nivelle), partir à temps quand on veut occuper une position pour que l’ennemi ne l’occupe pas déjà ou vous attaque quand on y arrive » : Sun Tse n’aurait pas entrepris la manœuvre de la Dyle.
Il ne néglige pas non plus l’utilisation du terrain, la poursuite, le moral de la troupe et les devoirs des chefs, etc., etc.
Sun Tse pose tous les principes de la guerre, aussi bien de la stratégie que de la tactique. Compte tenu naturellement de l’évolution de l’armement, les officiers et tous ceux aussi qui s’intéressent aux choses militaires auraient intérêt à lire et à méditer ce que ces maîtres chinois écrivaient il y a plus de deux mille ans.