Les Allemands d’aujourd’hui
Les Allemands d’aujourd’hui ne sont plus ceux de 1945 ; au lendemain de leur défaite, ils étaient plus malléables ; on pouvait espérer les transformer. Maintenant, ils se raidissent ; ils respectent moins leurs vainqueurs parce qu’ils les craignent moins, ils les haïssent parce qu’ils les tiennent pour responsables de leurs souffrances présentes. N’ayant plus que des préoccupations matérielles, ils n’ont pas confiance dans les principes démocratiques, divergents d’ailleurs, qui leur sont apportés de l’Orient et de l’Occident, ils s’en rient plutôt. Pessimistes, désabusés, ils sont prêts à se soumettre à un nouveau national-socialisme, s’il les aide à sortir de la misère.
C’est ce que M. Robert d’Harcourt nous laisse entendre ; mais il expose ces tendances actuelles avec infiniment de nuances, par des conversations, des extraits de lettres, de revues et de journaux ; il explique cette irritation partout répandue, il indique comment elle pourrait être atténuée ; il montre chez quelques esprits les germes d’un renouveau, d’un idéal vraiment humain ; il laisse espérer une conversion qui sera longue à s’accomplir. Lord Churchill conseille entre la France et l’Allemagne une entente qui deviendrait le centre d’une fédération européenne ; Friedrich Wilhelm Förster tient cette entente pour impossible, tant que les Allemands n’auront, pas, dans leur ensemble, compris, reconnu et avoué la criminalité du nazisme ; M. Robert d’Harcourt conclut qu’il est dans le rôle de la France, conforme à sa tradition, de préparer un humanisme qui fasse l’union des peuples. Son livre, très instructif, est d’une lecture attachante. C’est une étude profonde de l’âme allemande.