La division de Metz, 42e DI, pendant la bataille de France
Dans un style sobre, le général de division Keller fait l’historique de la 42e Division, qu’il a commandée pendant la bataille de France.
Au début, cette division d’infanterie, sous les ordres du général de La Porte du Teil, a pris part aux opérations de Lorraine. Très bien instruite dès le temps de paix, solidement encadrée, c’était une des meilleures unités de l’Armée française et ce n’est qu’après d’âpres combats, pendant lesquels elle s’est montrée digne de ses devancières, qu’elle a fini par être détruite en grande partie, puis faite prisonnière. Les actes de courage, de bravoure, d’héroïsme accomplis fournissent des arguments de valeur à ceux qui défendent l’honneur de l’armée opposée à la ruée allemande pendant la dernière guerre – malgré une infériorité due à ses éléments hippomobiles, à son infériorité d’armement et à son aviation.
Au début, la 42e DI, en secteur entre les deux Nied, pénètre dans la forêt de la Warndt. Elle passe ensuite au 6e Corps et fait face à Bérus – puis sur le front Hombourg–Budange. Après un léger repos, elle est engagée à Bouzonville, où elle reçoit le choc de l’attaque allemande. C’est, à ce moment que le général Keller en prend le commandement.
Après une courageuse résistance, elle est repliée sur la ligne Maginot et mise à la disposition de la 6e Armée (général Touchon). Engagée sur l’Aisne sur un front de 25 kilomètres, réduit bientôt à 20 puis étendu à 30, son mouvement n’est pas terminé quand l’attaque ennemie se produit. Après des combats très durs, qui nécessitent l’utilisation de toutes ses réserves, elle est repliée sur la Vesle, en luttant pied à pied. Le général Keller fait le procès des grands fronts, derrière des coupures peu importantes comme l’Aisne, des points d’appui isolés, quand des réserves blindées manquent, quand l’aviation est absente et les effectifs insuffisants. Ce sont là des faiblesses que l’auteur reproche aux théories de facilité admises entre les deux guerres. La retraite se poursuivant, la 42e, repliée sur la montagne de Reims, lance un coup d’arrêt aux poursuivants, et peut se retirer sur la Marne, où déjà le désordre des voisins et l’exode des populations entravent les mouvements.
Débordée par Épernay, la 42e se replie derrière les marais de Saint-Gond, puis sur l’Aube, où le général Keller reçoit les derniers ordres du commandement.
De son initiative, la 42e retraite derrière la Seine ; la fatigue, le manque de ravitaillement et l’encombrement des routes rendent la tâche de plus en plus ardue. Reformée, tant bien que mal, entre Plancy et Ponce, elle sent l’étreinte se resserrer, cherche à s’échapper en direction de la forêt de Chaource. C’est dans cette région, à Laigne et à Riceys, que, le 26 juin, les derniers éléments sont encerclés par les blindés et faits prisonniers.
L’étude du général Keller présente un grand intérêt historique ; elle montre qu’une unité bien encadrée et à moral élevé supporte des fatigues inouïes, lutte sans se laisser entamer jusqu’au bout, et donne un démenti catégorique aux détracteurs systématiques de l’armée de 1939-1940.