Le problème militaire de la IVe République
Dans son excellente préface du livre de M. Albert Vallet, le Président Herriot cite deux phrases du Maréchal Foch qui, dans leur raccourci imagé, veulent dire « une organisation cohérente », « des chefs instruits ayant de la décision et du caractère ». C’est à la recherche de ces deux facteurs que l’auteur s’est livré dans son étude Le problème militaire de la IVe République.
Il envisage la question sous ses aspects politiques, financiers et techniques. Insistant sur le contrôle par les élus de la Nation, il n’admet pas une organisation bicéphale dans les ministères et arrive à la conclusion, maintenant admise sans conteste, de la conduite générale de la guerre par le Président du Gouvernement, la conduite des opérations relevant du Haut Commandement militaire. Cette organisation vaut, en temps de paix, pour mettre an point l’organisation du temps de guerre. Critiquant le libéralisme politique de la IIIe République, ses préférences vont à une armée animée de l’esprit jacobin avec toutes ses conséquences.
La situation financière du pays ne paraît guère propice pour doter l’armée des matériels indispensables à la réalisation d’un plan d’ensemble s’étendant à l’empire. L’auteur insiste sur le contrôle parlementaire qui évitera tout gaspillage et conclut : « Au point de vue technique, il y a un impératif catégorique ; au point de vue financier, il existe une nécessité absolue et évidente. »
Passant à l’aspect technique, l’auteur admet que l’ère atomique n’a pas éliminé la nécessité d’entretenir des forces armées qui doivent recevoir une formation technique permanente, posséder des cadres spécialisés et des militaires de carrière.
Mettant en parallèle une armée de métier et une armée de conscription ; il est nettement partisan de cette deuxième forme. Il cite l’opinion du général Marshall et préconise le service militaire d’une année, sans toutefois englober dans ce système les éléments chargés des missions outre-mer.
Les effectifs totaux de l’armée sont à fixer, compte tenu de la situation internationale, des missions à remplir, des forces à mobiliser en cas de conflit, de la situation démographique du pays ; une de ses conclusions est d’avoir la politique permise par l’armée en appliquant l’esprit de mesure.
Rentrant dans plus de détail, l’auteur conçoit une participation à la force internationale prévue dans l’ONU (aviation appuyée par des moyens terrestres spéciaux) ; il voit, dans la métropole, des contingents fournis par l’Union française et, dans les territoires de l’Union, des troupes françaises spécialisées ; il y ajoute une force mobile organisée en tout temps.
En France, l’organisation territoriale s’impose avec des forces locales de sécurité, cadres éventuels de guérillas, et des éléments actifs destinés à l’instruction et répartis dans des régions militaires comprenant plusieurs départements.
L’armée active étant noyée dans les réserves en cas de guerre, c’est la nation armée tout entière qui prendra part au conflit, d’où la nécessite de séances d’instruction obligatoires, d’encadrement suffisant eu quantité et en qualité.
La doctrine de guerre est à mettre au point, compte tenu des enseignements de la dernière guerre et des découvertes nouvelles. Cette doctrine doit être établie sur le plan impérial et aussi sur le plan interallié.
M. Albert Vallet cite, en ses conclusions, les paroles du général Vanier rendant hommage à l’armée de 1940. Les réalités géographiques font que la France sera toujours une avant-garde, d’où la nécessité pour elle d’être forte à tous points de vue et de posséder, avec une cohésion parfaite, un moral élevé.