La guerre amphibie
Étant donné que la grande majorité des hommes, surtout dans les pays continentaux, ont leurs activités quotidiennes orientées vers des occupations exclusivement « terriennes », il en est peu qui peuvent apprécier à sa juste valeur le rôle que l’activité maritime joue, à chaque instant, dans la vie mondiale et nationale ; aussi faut-il des circonstances exceptionnelles, par exemple le blocus ou l’imminence d’un débarquement pour que chacun découvre le poids de ce facteur formidable, car, il en est de ce pouvoir de mer comme de tous les biens de ce monde : on ne l’apprécie pleinement que lorsqu’on en est privé ou lorsqu’il s’impose soudain comme la seule planche de salut après une catastrophe terrestre.
Nous avons exposé, par ailleurs (1), en examinant les puissances maritimes d’hier et d’aujourd’hui, comment s’affirme la supériorité sur mer et quels sont les moyens et tactiques qu’elles envisagent pour se l’assurer dans l’avenir. Nous ne reviendrons pas ici sur ce second point, nous bornant à rappeler que la victoire sur mer donne à celui qui l’a acquise — d’une part, l’initiative en ce qui concerne le point d’application, la puissance et la durée des opérations aéronavales — d’autre part, l’exclusivité du transport par mer de grandes unités terrestres ou aériennes et de quantités illimitées de personnel et de matériel de tout poids. Comme le disait Jervis, elle reporte le front jusqu’au littoral même de l’ennemi et celui-ci se trouve réduit à des raids ou à la guérilla aéro-sous-marine.
Comme on le voit, cette victoire sur mer n’est pas une fin en elle-même : la dernière guerre semble bien confirmer que, devant un adversaire fanatisé, cette fin n’est atteinte que par l’occupation de son territoire ou par une situation qui la rende inévitable à bref délai. Il s’agit donc de voir comment la victoire sur mer peut être exploitée pour concourir le plus efficacement possible à cette décision.
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