Le problème numéro un
On connaît le goût de Jules Romains pour l’analyse politique et sociologique, à base de connaissance quasi universelle, d’introspection psychologique, d’imagination et d’humour, voire de « canular » normalien. Le petit volume est comme un concentré de l’expérience acquise par l’auteur au cours de sa longue carrière et de son enquête fleuve sur les Hommes de bonne volonté. Les chapitres qui en expriment l’idée maîtresse, ont vu le jour, aux États-Unis, dès les premiers mois de 1945. Sous les difficultés de surface que l’Humanité a à résoudre au lendemain d’une terrible crise, subsistera le problème fondamental, autrement difficile, posé, depuis deux siècles, par les immenses progrès de la technique, scientifique et industrielle, réalisés par une humanité qui n’y était pas préparée.
Le danger mortel qu’elle court consiste dans l’accélération du phénomène : le temps presse pour ménager au monde menacé sa survie. Il faut que la « bonne cause » ne se contente plus de la raison. Dans des circonstances bien moins pressantes, notre civilisation inventa, jadis, les ordres de chevalerie. Elle devrait, aujourd’hui, avoir la force de créer un pouvoir spirituel, suprême Conseil, capable d’orienter l’évolution du monde et d’assurer un gouvernement, dans la paix : c’est sa dernière chance.