Le débarquement du 8 novembre 1942 en Afrique du Nord
Nombreux sont déjà les livres relatifs à la période qui précéda, en Algérie, le débarquement des forces alliées, mais la plupart, d’un intérêt évident, sont entachés de passions politiques. Ceci suffit à les écarter de notre rubrique bibliographique. Pour la première fois, au contraire, l’amiral Pierre Barjot a donné, sous un format réduit, mais avec une documentation qui, dès à présent, semble suffisamment sérieuse et abondante, un tableau d’ensemble de ces opérations, vu uniquement sous l’angle stratégique, ce qui est naturel de la part d’un écrivain militaire de cette valeur.
Nous suivons, dans tout son développement, l’évolution extrêmement intéressante d’une situation qui trouva son apogée dans le débarquement du 8 novembre 1942. Pierre Barjot n’hésite pas à souligner son importance capitale pour le déroulement de la guerre mondiale. Ces événements ont permis, selon lui, d’abattre Hitler et de raccourcir la guerre de cinq années. Sans la réussite de la résistance française en Algérie, qui équivalut largement à l’action de trois divisions, qui a livré à nos amis deux aérodromes et un grand port intacts, les marins et stratèges américains n’auraient certainement pas pu réussir une expédition, malgré tout faible du point de vue terrestre. Le secret avait été parfaitement bien gardé, la surprise fut complète, mais il ne faut pas se dissimuler que le 8 novembre, à 8 heures du matin, la situation n’était pas brillante, que l’opération de vive force se présentait mal, que le front de mer d’Afrique était difficile à défendre, et que, sans l’appui de la résistance française, – le général Juin en tête – un débarquement de vive force eût été rejeté à la mer. C’est donc un point capital de la stratégie alliée qui se trouve ici, évoqué avec compétence et talent. ♦