Les Russes tels qu’ils sont. Ce qu’on voit aujourd’hui en URSS
Ce livre, œuvre d’un fonctionnaire américain de l’Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction (UNRRA) qui a séjourné plusieurs mois en Ukraine, présente un intérêt vraiment exceptionnel pour tous ceux que passionne la plus redoutable question de notre temps : « Quels sont les buts véritables de la politique russe depuis 1945 ou, plus précisément, les intentions profondes du petit groupe d’Hommes qui la dirigent ? ». Le témoignage de John Fisher emprunte sa valeur à l’évidente objectivité de l’auteur, à la sympathie qu’il éprouve pour le peuple russe. Il reconnaît l’efficacité de la machine administrative édifiée par le Parti communiste russe, la probité par laquelle ses fonctionnaires se distinguent de ceux de l’ancienne Russie tsariste. Il pousse l’impartialité jusqu’à reconnaître que l’organisation de l’hygiène et de la santé dans les campagnes russes est supérieure à celle réalisée actuellement dans l’ouest américain. Il note que le Russe moyen, habitué de tout temps à vivre sous un régime policier, n’est pas mécontent de son sort.
Le citoyen soviétique est sincèrement convaincu qu’il a le privilège de vivre dans la première « Société sans Classes » mais John Fisher observe, avec humour, que « quand un Américain parle de Classes, il pense surtout aux différences de genres de vie, d’éducation et de rang social. Or ces distinctions existent en Russie, parfois même davantage qu’aux États-Unis ». L’éventail des traitements est beaucoup plus ouvert en Russie soviétique que dans les pays de l’Occident capitaliste. Les gros traitements vont uniquement aux quatre groupes privilégiés qui sont : les hauts fonctionnaires, les officiers de l’armée, les techniciens (savants, ingénieurs, écrivains) et, enfin, les Stakhanovistes. Il faut lire l’amusante description, empreinte d’un humour bienveillant, que John Fisher nous fait de cette « Société sans classes ». Dans les deux derniers chapitres de son ouvrage, l’auteur traite, avec une grande hauteur de vues, le problème politique. Il incline, personnellement à penser que la politique soviétique est surtout dictée par un souci de sécurité et croit que la paix pourrait être sauvegardée, à la condition que l’Amérique pratique à l’égard de l’URSS une politique empreinte de compréhension bienveillante, à la fois très patiente et très, ferme.