L’Indochine française en face du Japon
Au pays des Ballila jaunes
Le petit livre d’André Gaudel est une explication franche de la situation particulière ou se trouva l’Indochine face à face avec le Japon. La communauté française ne comptait que 42 000 âmes, dispersées dans une masse de 23 millions d’autochtones, menacée par 120 millions de Japonais et de Siamois. L’auteur analyse les conditions géographiques, économiques, politiques du problème indochinois et il essaie de montrer à quelles difficultés les responsables de la politique française en Indochine ont eu à faire face.
André Blanchet, un des espoirs, d’ailleurs réalisé, de la jeune génération des journalistes français actuels, est un des premiers reporters qui aient participé à la vie de l’Indochine, dès le lendemain de la Libération jusqu’au mois de mars 1946. C’est un garçon courageux qui a assisté à des scènes parfois fort dramatiques, dans Saïgon assiégée, ou dans Hanoï incendiée. Il a su évoquer dans cette série d’articles, écrits pour le très grand public, mais qui ne perdent rien de leur originalité à être réunis en volume, la crise dramatique qu’a constitué pour les pays indochinois le passage de la domination japonaise à une liberté, conditionnée, avant tout, par une entente avec les populations locales. Les ombres ne manquent pas à ce tableau, à en juger par les portraits des grands meneurs de ces masses, redoutables par leur docilité même.
Le livre se termine sur la vision de la paix française, fêtée au Tonkin par Leclerc et Hô Chi Minh. Mais on sait – on ne sait que trop – de quelle courte durée fut cette entente, émouvante et idyllique.