L’Alsace, rempart français sur le Rhin
Le livre de M. W. Rinckenberger constitue une excellente monographie de l’histoire d’Alsace, surtout du point de vue économique, au cours de la guerre. Il montre que l’emprise exercée par les conquérants sur ce magnifique pays, annexé, de fait, à la Grande Allemagne, menaçait d’annuler complètement sa vie matérielle et surtout morale. C’est avec émotion que l’on ratifie la conclusion de l’auteur, en plein accord avec J. Schlumberger, lorsque celui-ci déclare : « Il y a des infortunes plus amères que d’être étroitement rationnés ou forcés de vivre au ralenti. Ceux d’entre nous qui ont vu déporter vers l’Allemagne un de leurs enfants, et qui, jamais, n’en ont plus eu de nouvelles, considéreraient comme un outrage qu’on mit en balance avec ce malheur le plus ou moins bon ravitaillement dont ils ont joui pendant la guerre ; or, c’est précisément le cas des Alsaciens ».
Impossible également de ne pas souscrire aux vœux exprimés par ce fils d’Alsace qui n’admet pas que sa population puisse être considérée comme française de deuxième catégorie parce qu’elle parle un dialecte à origine germanique, et qui espère que la France tirera la leçon des années tragiques qu’elle vient de traverser, qu’elle rompra avec les habitudes démagogiques qui l’ont menée à la catastrophe, qu’elle deviendra un pays fort et uni, ardent au travail, ordonné et discipliné, toutes les fois que l’intérêt national est en jeu, mais, aussi, fier de ses traditions démocratiques. « L’Alsace, conclut-il, qui a su demeurer fidèle au cours de l’épreuve, ne manquera pas d’apporter à la réalisation de cette tâche toutes ses forces et tout son cœur. »