Ce que j’ai vu en Chine rouge
Parmi les œuvres que nous devons à la phalange intrépide des grands reporters américains, celle de Harrison Forman, traduite par Sabine Bernard-Derosne, est une des plus suggestives car elle nous entraîne dans un des pays les plus inconnus et les plus mystérieux de l’heure présente : la Chine Rouge. Avec l’auteur, nous vivons la vie même de toute une partie de la Chine dans cette border région où bien peu d’Européens ont pu pénétrer. Nous y assistons avec lui à un effort immense, non seulement militaire, mais politique.
Bien que cette Chine Rouge paraisse, à maints égards, très voisine, par ses tendances, de la Russie soviétique, elle a, d’après Harrison Forman, sa physionomie propre et applique souvent des méthodes fort éloignées du communisme. L’auteur ne craint même pas d’affirmer que, pendant les cinq ans qu’il a passés chez les Chinois communistes, il n’a jamais eu l’occasion de constater chez eux la plus légère collusion avec la Russie. Selon lui, ces Chinois communistes ne sont pas des communistes, au sens exactement russe du terme, et les Chinois ne sont pas plus communistes que ne le sont les Américains. Le développement de la Chine ne s’opérera pas sur les mêmes bases que celui de la Russie soviétique ; il y aura des étapes, par exemple sur les bases de la production individuelle, selon les méthodes de l’aide mutuelle, plutôt que par une réalisation immédiate du collectivisme. Il ne nous est pas, bien entendu, possible de vérifier ces assertions, mais nous croyons utile de les soumettre à nos lecteurs.