La rançon de la victoire
La rançon de la victoire méritait l’excellente traduction que lui a donnée M. Jean Muray dans la collection des « Choses vues » publiée à la Librairie Plon sous la direction de M. Robert de Saint-Jean. L’auteur, qui fut pendant quatre ans et demi ambassadeur de Pologne auprès du gouvernement des États-Unis dans les années cruciales de préparation à la guerre, et du déclenchement de la grande démocratie en faveur des Nations libres occidentales, nous donne ici, du point de vue polonais, comme il est naturel, mais aussi avec une lucidité et un talent hors pair, le récit fidèle des événements auxquels il a assisté en ce magnifique observatoire international qu’était la capitale des États-Unis.
Il a eu le privilège d’être l’ami personnel du grand Président, qui finit par mener ses compatriotes à prendre part à la lutte pour la libération des démocraties. Il a été son commensal. Il a également pratiqué ses collaborateurs immédiats ou ses adversaires politiques les plus redoutables. Nous suivons, par le menu, la courbe de la politique rooseveltienne. À la fin du récit, au moment où M. Jan Ciechanowski se voit acculé à la démission, nous ne pouvons nous abstraire de l’impression que l’illustre Franklin D. Roosevelt, victime sans doute, du surmenage qui devait l’emporter, et aussi peut-être d’inéluctables nécessités stratégiques, finit, en dépit de ses bonnes paroles, par abandonner la cause polonaise et par céder, à partir de la Conférence de Yalta, aux instances de son rusé et redoutable partenaire soviétique. Document capital pour la compréhension de la situation actuelle en Europe orientale et pour la connaissance générale de la dernière guerre.