Diaro di guerra. Nove mesi al Comando Supremo [Journal de guerre : Neuf mois au commandement suprême]
Cet ouvrage, paru au cours du 1er trimestre 1946, est l’histoire du commandement suprême (le Grand Quartier général italien) pour la période allant de la mise sur pied de cet organisme, à la veille de l’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de l’Allemagne, jusqu’à la relève de l’auteur, en raison de la nationalité anglaise de sa femme.
Ce document n’est pas un historique de la guerre, mais l’exposé technique et détaillé d’un spécialiste entrant dans le détail des opérations militaires. L’auteur le dit dans sa préface, il s’est borné à enregistrer les faits qui se sont déroulés autour de lui, à exprimer « sans idées préconçues et avec une objectivité absolue les appréciations, les jugements, les pensées que ces faits lui ont suggérés ». Son Journal n’a pas la continuité rigoureuse qu’un tel document exigerait. Ce n’est ni un document historique, ni un ouvrage littéraire, mais un document personnel et original.
L’ouvrage trahit cependant l’angoisse et l’écœurement d’un chef militaire placé à la tête d’un organisme essentiel, réduit à l’impuissance par l’orgueil et la prétention à l’omniscience d’un despote incapable. Il fait ressortir la misère de la préparation militaire d’un pays entrant en guerre avec une armée mal équipée, manquant d’armes modernes (chars en particulier), de munitions, d’animaux, situation qui la met dans l’impossibilité d’entreprendre une offensive quelconque et de soutenir un effort prolongé. Il montre les intrigues, la corruption, l’incompétence des hommes, l’incohérence des directives données, qui empêchent l’État-major d’accomplir son rôle et vouent les opérations à l’insuccès, – l’hostilité du Duce contre Badoglio, le premier « jouant le bridge comme si c’était du poker, le second s’en tenant aux règles établies ». « Je déclare la guerre, disait Mussolini, mais je ne la fais pas, ainsi, avec de faibles efforts, j’obtiendrai un grand résultat. » « J’ai acquis assez de pratique pour juger inutile un État-major général ; la guerre finie, je ferai tout moi-même, avec un secrétaire. »
Ce journal, dit le général Armellini – et c’est naturel –reflète l’état d’âme de celui qui l’a écrit, dominé par deux pensées principales qui peut-être apparaissent avec trop d’insistance.
« L’absurdité de la guerre que nous faisions, la pauvreté de sa préparation, la misère de sa conduite, la vision de la fin désastreuse au-devant de laquelle nous allions, la constatation de l’impuissance matérielle dans laquelle nous étions de remédier à pareil état de choses délictueuses, le tourment consécutif que j’ai vécu pendant d’interminables jours d’angoisse. »