La campagne de Méditerranée 1940-1943
Le commandant Cogniet, de l’Académie de Marine, a eu l’heureuse idée de traduire le livre du capitaine de frégate George Stitt, de la Marine Royale britannique, sur « La campagne navale en Méditerranée ». C’est la première contribution sérieuse, à notre connaissance, apportée à l’histoire des opérations magnifiques conduites dans cette mer par nos Alliés britanniques sous le commandement de l’amiral Cunningham, dont le nom vivra certainement entouré d’une juste gloire dans la lignée des grands chefs de mer britanniques. Les récits du capitaine de frégate George Stitt sont répartis en une série de chapitres détachés et n’ont pas la prétention de fournir sur les événements de ces trois années une histoire détaillée et définitive. Ce sont les faits principaux seuls qui ont été mis en lumière, tels que le combat au large du cap Spada, le 19 juillet 1940, l’attaque de Tarente du 11 novembre 1940, la bataille du cap Matapan de mars 1941, la bataille de Crète, l’histoire des convois à travers la Méditerranée.
Après la défaite de la France, la flotte britannique de la Méditerranée, privée de sa partenaire, se trouva en face de problèmes qui paraissaient d’une difficulté inouïe : comment en effet protéger le Moyen-Orient, défendre l’Égypte, remporter une victoire en Afrique sans la protection de la marine. Un commandant en chef moins résolu que l’amiral Cunningham n’aurait sans doute pas osé risquer, à toutes occasions sérieuses, sa flotte numériquement si inférieure à son adversaire italienne, en se portant à une stratégie offensive qu’il ne cesse d’appliquer, et du reste avec le succès que l’on sait.
Il eut d’autant plus de mérite que l’infériorité numérique de ses forces n’était pas compensée, il s’en faut, par la vitesse des différents types de navires dont il disposait, ni par l’appui d’une puissance aérienne convenable. En outre, il ne possédait, comme base au centre même de la Méditerranée, que le port de Malte, si dangereusement exposé à des concentrations aériennes venues de la terre et que d’Alexandrie, à une distance beaucoup trop grande pour maintenir une offensive continue contre l’Italie. C’est donc une tâche particulièrement glorieuse qu’eut à remplir la flotte de Cunningham et le livre, écrit du reste avec autant de précision que de vivante simplicité, est un juste hommage rendu à ses rares mérites.