Il y a peu de phénomènes sociaux qui soient aussi répandus que la guerre. Alors que tant d’institutions ne sont comprises ou pratiquées que par certains peuples, il n’y en a pas qui ne connaissent la guerre. Les enfants la vivent d’instinct et l’imitent ou la recréent dans leurs jeux. Elle paraît tellement évidente à tous, des plus civilisés aux plus frustes, tellement mêlée à la vie des peuples et des individus, liée à leurs préoccupations, évoquée à chaque instant par leurs légendes et leur histoire, que l’on ne songe guère à la définir. Ce soin paraît superflu : ainsi Proud’hon écrit, au début de son ouvrage (1), qu’aucun lecteur n’a besoin qu’on lui dise ce qu’est physiquement ou empiriquement la guerre. « Tous, dit-il, en possèdent une idée quelconque : les uns pour en avoir été témoins, d’autres pour en avoir eu maintes relations, bon nombre pour l’avoir faite. » Lire les premières lignes
Notre vieux monde se résout au sud-est en un merveilleux archipel. Les pays malais apparaissaient à un savant génial comme la somptueuse traîne de l’Eurasie en dérive, aux confins des Océans Indien et Pacifique. Au bout de la péninsule étranglée à l’isthme de Kra, la Malaisie britannique est déjà presque coupée du continent. Au-delà des terres encore massives de Sumatra et Bornéo, les Philippines comptent plus de sept milliers d’îles. L’Indonésie hollandaise s’effrite elle-même à l’est de Java et de la squelettique Célébes, à l’approche de l’Australie et de la Nouvelle-Guinée. Lire les premières lignes
La multiplicité des aspects militaires de la guerre et l’utilisation d’un matériel nouveau fourni par les Alliés ont conduit le Service de Santé de l’armée à transformer son organisation : de cet effort d’adaptation aux enseignements de la guerre nous allons tenter d’établir le bilan sommaire. Lire les premières lignes
Le parti national socialiste ne vit que par le « cochon qui existe à l’intérieur de tout être humain. » Lire les premières lignes
Chroniques
À bien des points de vue, la Société des Nations (SDN) a ouvert la voie aux Nations unies et ses réalisations constituent un précédent plein d’enseignements. Pour d’autres problèmes il faut innover, nécessité favorable aux solutions hardies exactement adaptées à la situation actuelle, mais qui a pour conséquence inévitable un ralentissement certain des travaux. Ainsi en est-il en ce qui concerne les forces armées internationales qui doivent être mises à la disposition du Conseil de sécurité. Cet organisme avait récemment posé, à ce sujet, deux questions au Comité des chefs d’état-major. Celui-ci, n’ayant pu arriver à une communauté de vues, a décidé de transmettre au Conseil de sécurité les propositions formulées par les différentes délégations. Lire les premières lignes
Bibliographie
Est-il possible d’écrire dès aujourd’hui une histoire militaire du dernier conflit ? Le général Chassin a cru pouvoir répondre par l’affirmative et, s’étant entouré de toute la documentation publiée à ce jour, il a entrepris de résumer en moins de 600 pages tous les aspects militaires de la seconde guerre mondiale. Lire la suite
Préfacé par le général Mendras, l’histoire du 109e Régiment d’infanterie pendant la « drôle de guerre » nous fait vivre la vie d’une de ces formations au début de la guerre. Le colonel Marchand insiste sur la pénurie et le manque de préparation des cadres et de la troupe, sur l’insuffisance de matériel, sur les difficultés rencontrées pour instruire son régiment en vue d’actions défensives. Et c’est bien l’image de beaucoup de ces unités qui ne pouvaient que résister héroïquement mais étaient incapables d’agir offensivement. Lire la suite
M. le général Serrigny, connu comme écrivain militaire et auteur d’études d’économie politique, présente Le retour au bon sens, écrit pendant l’Occupation, mais un peu retouché par la suite. Lire la suite
Les Éditions de La Baconnière ont publié récemment, sous la signature de M. Franco Arese, un petit livre fort intéressant qui montre combien la guerre actuelle a élargi le cercle des intérêts et de la politique américaine. Il montre, après bien d’autres, que les États-Unis ont, semble-t-il, définitivement abandonné la politique isolationniste, mais que le but essentiel des États-Unis, opposés à tout impérialisme et aux annexions, est le désir de répandre leur influence et leur commerce dans un pays à vaste avenir comme l’Afrique, où l’on verra, sans doute, se développer, sur une échelle toujours plus grande, leur pénétration économique. À cet égard, l’Afrique a, avec cette guerre, estime M. Franco Arese, cessé d’être complètement à la remorque des puissances européennes, et elle entre directement dans le concert de la politique mondiale.
L’auteur de ce livre reconnaît, dans l’avant-propos, que l’ancien système d’échanges internationaux, bouleversé par la crise et par la guerre, ne peut plus fonctionner. Cependant, son étude est encore instructive, parce qu’elle permet « la confrontation entre le modèle théorique et le modèle historique ». M. Jean Weiller étudie donc successivement les conditions de structure, les facteurs d’équilibre et les perturbations du système capitaliste des échanges internationaux. Il est ainsi amené, après une analyse très poussée de l’évolution du commerce international, à réexposer et à critiquer la théorie classique de l’automatisme ricardien, en la complétant par les apports plus modernes du professeur Aftalion (théorie du revenu) et de Keynes (théorie du multiplicateur). Il observe que, dans les périodes de stabilité, le jeu de l’étalon-or et des réactions de prix a été secondaire, la tendance au rééquilibre étant surtout le fait de la dynamique des investissements extérieurs. Lire la suite
Après ses livres sur la Chine et l’Asie en général, André Duboscq en fait paraître un sur le Japon. La secousse ressentie par ce pays, l’effondrement causé par sa défaite et les conséquences diverses qui s’ensuivent, tout cela était fait pour tenter la plume d’un spécialiste de l’Extrême-Orient. L’ouvrage qu’il présente s’ouvre sur une fresque de l’Asie, brossée en quelques pages, où l’on retrouve les idées éparses dans ses ouvrages précédents sur l’évolution matérielle de ce continent au cours du dernier siècle. Lire la suite
On avait déjà beaucoup écrit sur le maréchal Foch, avant 1939, en France et à l’étranger. Mais certains auteurs, dans leurs études, pensant mieux accuser les traits et le caractère de celui qui, par suite des circonstances, était demeuré assez éloigné des foules et qu’eux-mêmes avaient plus ou moins approché, usèrent surtout du mode anecdotique. Le vrai visage et la véritable action du vainqueur de 1918, loin de toute légende, restaient à retracer. Lire la suite
Ce livre fait partie d’une collection sur la vie quotidienne en France aux différentes époques de notre histoire. Celle de 1870 à 1900 a donné à Robert Burnand l’occasion d’une œuvre pleine d’esprit et de vie ; il l’a, dit-il, écrite avec ses souvenirs ; il faut avouer que ceux-ci sont d’une abondance et d’une précision impressionnantes. Grâce à lui nous évoquons tous les tableaux de notre jeunesse : ceux des rues, du foyer, de la ville et des champs. Il ne manque pas non plus quelques croquis militaires. Grâce à ce malicieux auteur, nous voyons se dresser sous nos yeux nos portraits de vingt ans quand, jeunes pioupious, nous nous exercions au maniement d’armes en bourgeron ou en pantalon rouge, sans nous douter d’ailleurs que cet uniforme désuet aurait à figurer avec honneur dans la première des deux terribles guerres mondiales.
M. Emmanuel Ravin consacre les loisirs de sa retraite à l’étude minutieuse de sa petite patrie provençale et des héros qui l’ont illustrée. C’est ainsi qu’on lui doit une excellente histoire de la Provence (1942-1944), des monographies sur les Valbelle et les Pèbre, les Hauts Lieux du Var, etc. Il est un des animateurs de l’active Société du Vieux Toulon. Dans son dernier ouvrage, sur Suffren, il a recherché ce qui, dans la biographie de ce grand marin provençal, était encore inédit ou peu connu, notamment les lettres écrites par Suffren à la comtesse d’Alès. L’illustre marin surgit devant nous, vivant (même avec ses jurons favoris) et nous comprenons encore mieux ce qui fit la force maritime de la France au XVIIIe siècle, alors presque égale à celle de la Grande-Bretagne.
Cet ouvrage sur Galliffet est écrit avec beaucoup d’élégance et de vivacité, à la cavalière. Il convient bien à son modèle, extraordinaire mélange d’oppositions, de contraires, à la fois mystique et sceptique, autoritaire et souple, ambitieux et désintéressé, charmeur et agressif, simple et dédaigneux, railleur, impulsif, primesautier, original, excentrique ; mais il est fondé sur une documentation sérieuse et, pour une grande partie, inédite. On y trouve plus et mieux que des silhouettes de cet homme singulier, d’un dynamisme exceptionnel ; ce lovelace, ce bretteur, ce sabreur héroïque fut aussi un grand rénovateur militaire. Son influence fut décisive dans les transformations de la cavalerie entre les deux guerres, et, à cet égard, l’œuvre d’Henri de Rolland mérite d’être lue aussi bien par le grand public que par les historiens militaires.
Parmi les témoignages, déjà nombreux, sur la barbarie nazie, le livre de Mme Odette Améry et de M. Georges Martin-Champier se distingue par sa sincérité totale. Nous savions déjà, par ailleurs, à quel degré de cruauté pouvaient s’abaisser les tortionnaires des camps de concentration allemands. Mais ce récit est d’une telle netteté intellectuelle, d’une telle simplicité que nous pourrions qualifier de savoureuse, si le sujet s’y prêtait, qu’il constitue par là même une sorte de réquisitoire plus terrible que d’autres plus éloquents. Tous les détails, souvent répugnants ou profondément émouvants, rapportés par l’héroïne de cette odyssée, qui, commencée à Fresnes, s’achève à Ravensbruck et à Mauthausen, sont rapportés avec bonne humeur, une alacrité et une jeunesse d’expression qui leur donnent une extraordinaire intensité de vie. C’est un document terrible dans sa simplicité primesautière.
Le lieutenant-général Oscar Michiels était particulièrement qualifié par sa formation d’ancien professeur de tactique et par sa haute situation de chef d’état-major général de l’armée belge pour étudier les opérations de 1940. La première partie de son ouvrage, « La Belgique se prépare à la guerre » est, sur un plan élevé, l’examen aussi documenté qu’intéressant des événements qui ont déterminé les décisions militaires du Gouvernement belge de 1925 à 1940. Lire la suite
Le commandant Cogniet, de l’Académie de Marine, a eu l’heureuse idée de traduire le livre du capitaine de frégate George Stitt, de la Marine Royale britannique, sur « La campagne navale en Méditerranée ». C’est la première contribution sérieuse, à notre connaissance, apportée à l’histoire des opérations magnifiques conduites dans cette mer par nos Alliés britanniques sous le commandement de l’amiral Cunningham, dont le nom vivra certainement entouré d’une juste gloire dans la lignée des grands chefs de mer britanniques. Les récits du capitaine de frégate George Stitt sont répartis en une série de chapitres détachés et n’ont pas la prétention de fournir sur les événements de ces trois années une histoire détaillée et définitive. Ce sont les faits principaux seuls qui ont été mis en lumière, tels que le combat au large du cap Spada, le 19 juillet 1940, l’attaque de Tarente du 11 novembre 1940, la bataille du cap Matapan de mars 1941, la bataille de Crète, l’histoire des convois à travers la Méditerranée. Lire la suite
Comme la vie même de l’auteur, aucune de ses œuvres ne saurait passer inaperçue ni laisser la critique indifférente. Le troisième et dernier tome des mémoires de Joseph Caillaux soulèvera certainement plus de discussions et de curiosité passionnée que les deux premiers. « Vous ne savez pas, écrivait Joseph Caillaux à son éditeur en octobre 1942, l’importance colossale des révélations qui y sont contenues ! » Aujourd’hui que la plupart des acteurs de ce grand drame ont disparu et qu’ils sont entrés dans l’histoire même, il est sans doute moins dangereux que de leur vivant d’aborder ces problèmes fondamentaux de la politique européenne. Lire la suite
Quand on sort de la lecture passionnante du livre passionné que constitue le 3e tome des mémoires de Joseph Caillaux, on trouve, dans le journal de Maurice Paléologue, une réponse à bien des accusations qu’il contient. Ce sont, prises au jour le jour, alors que s’amassait la tourmente de la première guerre mondiale, les notes d’un spectateur particulièrement bien placé, puisqu’il occupait le poste difficile de directeur politique du ministère des Affaires étrangères, avant de représenter la France en Russie. Il s’en faut de beaucoup que des hommes, comme ceux qui, dans les deux années qui précédèrent la catastrophe, eurent la lourde charge de la politique intérieure et extérieure française, aient été aussi égarés et, pour tout dire, « bellicistes » que les a figurés son adversaire Caillaux. Lire la suite
Quoique, depuis le procès de Nuremberg, la lumière ait été complètement faite sur les événements déconcertants et tragiques qui accompagnèrent les derniers jours du siège de Berlin et ceux du IIIe Reich, le livre que nous présente M. Trevor Roper garde un extraordinaire intérêt. Lire la suite
Le colonel en retraite Villate peint avec beaucoup de relief le rôle que la 2e Division d’infanterie a joué en 1939-1940. Dans l’avant-propos, il résume des déficiences que son esprit critique constate dans la préparation qui mit les troupes françaises en état d’infériorité devant la Reichswehr. Lire la suite
Le commandant Thomazi, un des doyens de la presse maritime française, dont l’activité ne se ralentit nullement, vient de publier un second petit volume consacré à la guerre sur mer. Après avoir, dans le premier de cette collection, traité la question du tragique destin des sous-marins allemands, il aborde, cette fois, l’histoire des sous-marins et croiseurs français. En un style dépouillé, mais alerte et vivant, il décrit tout d’abord l’évasion des cinq sous-marins de Toulon au moment où les Allemands essayèrent de s’emparer par force de l’arsenal et de la flotte qui y était au mouillage, puis les missions spéciales de divers bâtiments légers, au premier rang duquel il place, comme il n’est que justice, le sous-marin Casablanca, commandé par l’héroïque L’Herminier qui, en pointe d’avant-garde et avec une audace inouïe, assura les premières liaisons entre l’Afrique du Nord et la Corse. Il faudrait citer également les hauts faits de nos contre-torpilleurs le Fantasque et le Terrible, et les missions accomplies par des croiseurs comme le Montcalm et la Jeanne-d’Arc qui furent essentielles pour la libération de l’Île de Beauté. Lire la suite
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