Un organisateur de la victoire, Prieur de la Côte-d’Or
Le livre de Georges Bouchard, couronné par l’Académie française, présente un intérêt plus qu’historique. Il nous fait entrer très habilement, grâce à la connaissance approfondie, et à l’exploitation des papiers intimes de Prieur de la Côte-d’Or, dans cette partie encore relativement peu connue de l’histoire de la Convention.
Prieur n’était pas un homme de premier plan, ni, par certains côtés, un caractère sympathique ou exemplaire ; mais il s’imposa peu à peu par sa ténacité, son ardeur au travail, son dévouement au bien public. Il remplit sept missions aux armées comme représentant du peuple. C’est grâce à son concours que la France appliqua le système métrique, et l’École Polytechnique, fondée par Monge, n’aurait pas fonctionné sans son intervention obstinée et efficace. Mais c’est surtout comme véritable ministre de l’Armement que l’action de Prieur fut décisive. Sans lui, la fabrication des armes et des poudres, qui permit aux armées de la Révolution de résister victorieusement à l’Europe, n’aurait, sans doute, pas pu être mise sur pied. C’est à lui que l’on doit des créations d’un esprit aussi moderne que celui de l’Établissement national de Meudon, voué aux recherches scientifiques. C’est donc un précurseur de la plus haute valeur de la guerre totale moderne, collaborateur du grand Carnot, qui nous est révélé dans cet ouvrage considérable.