Le Grain de sable
M. Éleuthère-Nicolas Dzelepy qui s’est fait déjà connaître parmi nous par un certain nombre d’excellents ouvrages dont plusieurs traitent du problème grec (Le drame de la résistance grecque, Le miracle grec), vient de donner, en un bref mais substantiel ouvrage, une très intelligente synthèse du rôle joué par la Grèce, petit pays héroïque dans la guerre mondiale.
Celle-ci fut comme le grain de sable qui détraqua tout le mécanisme belliqueux monté par le Führer. Sans la Grèce, en effet, sans sa résistance à l’ultimatum de Mussolini, l’offensive allemande contre la Russie, décidée par Hitler, aurait pu être lancée plusieurs mois plus tôt ; il n’aurait pas eu à sauver son partenaire qui s’était si imprudemment lancé à l’assaut de l’Épire ; il n’aurait pas eu, non plus, à intervenir dans les Balkans, toutes opérations inattendues pour lui qui lui firent perdre des mois précieux et gaspiller des forces dont il n’avait point à revendre.
De même, c’est, semble-t-il, à la campagne de Grèce que Sir Samuel Hoare, en même temps que M. Dzelepy, attribue le changement radical dans la stratégie de Hitler qui, au lieu de prendre Gibraltar, comme il en avait primitivement le dessein, dut se détourner vers la Méditerranée orientale. Ceci explique en même temps comment le Caudillo qui, au début, avait misé sur la victoire des puissances de l’Axe devint de plus en plus réticent et, finalement, se refusa à toute intervention allemande contre Gibraltar.