Conclusion
Je voudrais d’abord citer un nom, par amitié, celui de Pierre Mayer, qui a participé à de nombreux colloques de ce type et qui était un spécialiste de l’Afrique du Sud. Il nous a discrètement quittés il y a deux mois, sinon il aurait été ici et serait intervenu de façon magistrale (1).
Ce que nous avons appris ce soir montre que le pire n’est pas toujours sûr. Il y a quelques années encore, on se posait beaucoup de questions sur la manière dont l’Afrique du Sud pourrait sortir de la situation inextricable où elle semblait placée. Or, la voici sur une voie nouvelle, à l’instar de l’Union soviétique à propos de laquelle on pouvait éprouver les mêmes craintes. Les deux pays ont donc su se débarrasser du carcan qui les enserrait. Le parallèle n’en est peut-être pas un, et il est probable que les événements à l’Est ont influencé ce qui se passe aujourd’hui dans le Tiers-Monde. Le processus de démocratisation est donc fort complexe, mais il apparaît qu’un certain nombre de faits libérateurs ont pesé dans les mentalités africaines et expliquent partiellement le mouvement auquel nous assistons.
Ce changement n’est nullement aisé, on le doit au courage du président de Klerk qui se heurte aux difficultés d’instaurer de nouvelles institutions, à la guerre civile comme à la tentation bien connue de s’appuyer uniquement sur les modérés contre l’ANC qui est tout de même une force majeure. Alors, de même qu’il faut aider le président Gorbatchev, il faut soutenir le président de Klerk afin qu’il puisse poursuivre sa tâche.
Sans doute faudrait-il insister sur la position géostratégique de l’Afrique du Sud. Des millions de tonnes de pétrole passent au large du Cap, qui se trouve également à proximité de voies commerciales exceptionnelles. Tout cela valorise ce pays, mais s’y ajoute le fait qu’il représente presque 50 % de l’énergie et de la richesse du continent, ce qui est considérable. De plus, ce dynamisme est fondamental pour tout le continent, car il n’y a plus personne qui soit déterminé à apporter à l’Afrique tout ce dont elle a besoin. Au fur et à mesure que l’Afrique du Sud consolidera sa position, elle deviendra un pôle de développement fondamental, non seulement pour le sud de l’océan Indien, mais encore pour le reste de l’Afrique où elle devra jouer un rôle déterminant. Pour ces raisons, il convient d’aider à son développement, et la France doit le faire dans la mesure de ses moyens, car il y va de son intérêt autant que de celui de toute l’Afrique. ♦
(1) Pierre Mayer avait été membre du conseil d’administration du Comité d’études de défense nationale. Il avait prononcé une conférence remarquable sur l’Afrique du Sud lors de notre colloque de novembre 1986.