Conclusion
J’avais dit au départ que ces débats ne pouvaient être que l’amorce de nouvelles réflexions sous d’autres formes, et donc il convient de retenir quelques idées de ces exposés. Parmi les thèmes qui ont été abordés, il y a celui de globalisation, celui de nation puisque de toute évidence il s’agit d’une donnée fondamentale du problème évoqué, celui de limes puisque ce phénomène venu du fond des âges retrouve aujourd’hui un poids d’une importance immense, et celui de stabilité.
Il y a actuellement une sorte de déification de la stabilité par nos États et nos gouvernements. Faut-il y voir une sorte de conservatisme ? En fait, les seules certitudes que nous percevions sont le mouvement, le changement avec ces exigences de progrès, de développement que doivent permettre la globalisation des échanges, voire l’éclatement des frontières. Alors la stabilité apparaît à cet égard comme un redoutable parti pris. À rencontre de ce concept, il y a aussi la certitude des crises, des contestations envers des frontières qui ont été imposées.
Si la stabilité est choisie pour modèle, un autre exemple historique nous enseigne ce qui en résulterait. Il y a beaucoup de points communs entre le système international tel qu’il est en train de s’élaborer et cette Sainte-Alliance des rois et des empereurs qui entendaient imposer la stabilité des régimes et des frontières pour garantir la paix. Cette tentative était d’avance condamnée par les peuples. Or, face à tant de perspectives de crises, nous pourrions explorer deux voies : la volonté des peuples et la nécessité des ensembles qu’impose à tant d’égards le monde contemporain. L’exemple yougoslave est caractéristique parce qu’il est à la fois celui de la destruction d’un ensemble et celui du refus d’admettre la volonté des peuples, car la communauté internationale prétend imposer des frontières que de toute évidence les populations ne veulent pas : exemple certes caricatural, mais préfiguration des tragédies à venir, et dès lors sujet à réflexion. ♦