À la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie et l’agression contre l’Ukraine, les pays de l’Otan doivent à nouveau s’interroger sur l’efficacité de la dissuasion occidentale. À différentes étapes de la crise ukrainienne, le président Poutine a, de manière répétée, souligné la puissance des arsenaux nucléaires russes, annoncé de nouveaux programmes de missiles et récusé les accusations selon lesquelles Moscou violerait certains accords de contrôle des armements. De manière plus menaçante, il a déclaré qu’il aurait été prêt à mettre en alerte les forces nucléaires russes – impliquant donc une menace d’utilisation – si l’annexion de la Crimée avait rencontré une résistance sérieuse.

Les trois puissances nucléaires de l’Alliance sont donc amenées à reconsidérer la manière dont leurs différentes forces nucléaires peuvent chacune ou ensemble contribuer à la dissuasion d’une agression russe.

Les analystes occidentaux ont tendance à tenir pour acquis qu’en cas de crise majeure, les trois États nucléaires de l’Otan seraient en mesure de coordonner leurs postures dissuasives. Les enjeux sont tels, pense-t-on, que les trois pays trouveraient bien le moyen de gérer conjointement la situation. Pourtant l’expérience récente en termes de gestion à trois des crises et des échanges entre les capitales n’est guère encourageante.