Editorial
Éditorial
Le temps politique à l’occasion d’une élection présidentielle est résolument tourné vers les questions nationales : emploi, économie, éducation… rarement vers les questions internationales et géopolitiques. De plus, les questions de défense sous la Ve République font depuis l’alternance de 1981 l’objet d’un consensus entre la Droite et la Gauche avec souvent des variables d’ajustement budgétaire. Avec la professionnalisation des armées décidée en 1996, notre défense a connu une série ininterrompue de réformes plus ou moins réussies mais qui globalement ont exigé de faire autant avec beaucoup moins dans un contexte opérationnel exigeant où nos soldats, marins et aviateurs ont eu à se battre, souvent dans l’indifférence polie d’une opinion publique ne se sentant plus concernée par les questions de défense.
La réduction drastique des effectifs a été d’ailleurs le leitmotiv de ces deux dernières décennies, avec l’idée que la défense saurait assumer, le système D à la gauloise permettant de combler les déficits structurels. Or, le contexte international a profondément changé. Le temps de la « Fin de l’Histoire » est révolu avec une multipolarisation du monde où le conflit est redevenu un mode de régulation entre États, entités douteuses et groupes identitaires où le fait religieux est le marquant, dans un cadre d’accroissement des inégalités et de violence endémique. Celle-ci, en frappant à plusieurs reprises notre territoire, nous rappelle que notre sécurité se joue tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Nos forces sont engagées en Opex et sur le territoire national pour contribuer à défendre nos concitoyens mais aussi notre mode de vie. Dès lors, se pose la question des moyens à mettre à disposition pour cette mission régalienne qui reste la responsabilité principale d’un État : assurer sa défense.
À l’occasion de la Primaire de la Droite et du Centre, la RDN publie les prises de position de candidats sur les questions de défense et sur leurs objectifs. Si globalement, il y a consensus, les approches peuvent être différentes mais traduisent l’importance que revêt désormais la politique de défense dans notre vie politique. Cette contribution « défense » est par nature politique mais elle s’impose comme une des composantes des choix que les électeurs feront. La RDN fera de même pour la Primaire de Gauche cet hiver et sollicitera ensuite les candidats à l’élection présidentielle. Non seulement pour présenter les options possibles en termes de politique de défense mais aussi pour rappeler aux candidats que la défense – thème régalien par excellence – nécessite des prises de position ferme et un changement d’orientation budgétaire entamé depuis 2015 mais qui doit être consolidé, voire amplifié.
Le temps stratégique est également abordé dans ce numéro à l’occasion du soixantième anniversaire de l’opération de Suez en 1956. Certes, cet engagement franco-britannique appartient depuis longtemps à l’Histoire mais il n’est pas inutile de le relire sous une approche opérationnelle avec l’analyse des conséquences tirées tant par Londres et Paris et qui ont laissé des traces encore sensibles dans notre politique extérieure et dans l’organisation de la défense. À l’occasion du salon Euronaval qui vient de se tenir, c’est aussi souligner l’importance d’avoir une capacité maritime ambitieuse pour pouvoir répondre à l’instabilité du monde et aux menaces sur les flux économiques.
Notre défense reste le garant de notre liberté. Elle est donc une responsabilité majeure du politique. ♦