Le verdict du Procès de Nuremberg (procès de 24 dignitaires nazis, principaux responsables du IIIe Reich, intenté par les Alliés) est rendu les 30 septembre et 1er octobre 1946. L'auteur revient dans ce texte sur le processus et l'évolution du droit international qui a permis la tenue de ce procès, puis sur le contenu du procès en lui-même : les problèmes qu'il pose, ses modalités…
Le jugement de Nuremberg
Le 30 septembre 1946, le Lord Justice Lawrence lisait le jugement rendu par le tribunal militaire international contre les criminels de guerre allemands. Le 1er octobre, les sentences étaient portées à la connaissance des accusés, introduits à tour de rôle pour entendre la décision finale qui les concernait : treize condamnations à mort (plus une par contumace), sept à des peines de prison, trois acquittements.
Après une longue préparation, close par une ordonnance du 8 août 1945 instituant le tribunal, le laborieux procès, ouvert le 20 novembre 1945, atteignait son terme avec une incomparable grandeur. Sept mois durant, la lenteur réfléchie des débats, à peine hâtée vers la fin par l’impatience de l’opinion, la production de nombreux témoignages, loyalement soumis à la double épreuve de l’« examination » et de la « cross examination », la ferme impartialité du président, attentif à donner à la défense les mêmes droits qu’à l’accusation, avaient offert au monde le spectacle d’une justice qui voulait apporter à la défaite de l’Axe la consécration suprême : une démonstration accablante de la scandaleuse immoralité du vaincu. Dans cette ville de Nuremberg dont le nazisme avait fait sa capitale, où tant de fois des foules délirantes avaient acclamé leur chef, disparu, semble-t-il, dans la fuite suprême du suicide, ses grands collaborateurs n’étaient plus que des malfaiteurs, réduits par une accusation frémissante d’indignation, à d’inadmissibles dénégations, bientôt changées en aveux, plus souvent suivies de tremblantes excuses, et, finalement, réfugiées dans de misérables technicités juridiques. Décidés à tirer d’une telle poursuite, après les incroyables souffrances d’une guerre à nulle autre égalable, des conséquences décisives pour l’éducation des générations à venir, les quatre « Grands » d’Europe entendaient faire du jugement des hauts responsables une étape décisive pour le double progrès du droit et de la paix. À cette attente, en dépit des difficultés de la tâche, la justice de Nuremberg a, dans l’ensemble, largement répondu.
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